dimanche 17 novembre 2013

Une fidélité vivante et dynamique

Lecture biblique : 1 Jean 2.3-6

Certes, le mot « fidélité » n'apparaît pas dans ce texte mais il en est bien question ! Jean écrit son épître dans un contexte de polémique avec des faux docteurs qui troublaient les Églises par leur enseignement (de type gnostique). Il veut remettre les pendules à l'heure, dénoncer les faux prophètes, et rappeler l'enseignement reçu par Jésus-Christ.

Il s'efforce de donner des outils à ses lecteurs pour « tester » ceux qui se prétendent enseignants et discerner ceux qui sont véritablement prophètes du Christ et ceux qui ne le sont pas. En quelque sorte, ceux qui sont fidèles et ceux qui ne le sont pas.

De ces quelques versets, nous pouvons retirer trois affirmations que je vous invite à vous approprier. Non pas les utiliser pour jauger les autres, mais pour nous laisser chacun interpeller quant à notre propre fidélité.


Être fidèle à Dieu, c'est écouter sa parole et la mettre en pratique

La première affirmation découle des versets 3 et 4 où Jean dit deux fois la même chose, d'abord de façon positive et ensuite de façon négative :

3 Si nous gardons les commandements de Dieu, nous savons que nous connaissons Dieu.
4 Si quelqu'un dit : « Je connais Dieu », mais s'il n'obéit pas à ses commandements, c'est un menteur, la vérité n'est pas en 
lui.

On ne peut pas prétendre connaître Dieu et ne pas garder ses commandements. C'est impossible. Ou pour utiliser une terminologie qu'on entend si souvent, on ne peut pas être des croyants non pratiquants. C'est impossible.

Être fidèle, c'est être croyants pratiquants. On pourrait penser ici à la parabole des deux maisons, que Matthieu place en conclusion du Sermon sur la Montagne. Je parle ici de la parabole et de l'explication que Jésus en donne, pas celle qu'en donne le fameux chant pour enfants qui dit que bâtir sa maison sur le roc, c'est bâtir sa maison sur Jésus, ce qui n'est pas tout à fait juste...

Si on regarde bien ce que dit Jésus, bâtir sa maison sur le roc, c'est écouter la parole du Christ ET la mettre en pratique. Alors que celui qui bâtit sa maison sur le sable écoute la parole mais ne la met PAS en pratique. Là est toute la différence. Le fou est « croyant non pratiquant » et le sage est « croyant pratiquant ».

Pour Jean, le « croyant non pratiquant » est un menteur. Il ment aux autres, et il se ment à lui-même. Car la foi n'est pas une simple croyance, à mettre au même rang qu'une opinion politique ou une thèse philosophique. De même, la connaissance de Dieu dont il est question dans ces versets n'est pas une connaissance intellectuelle, encyclopédique, mais une connaissance du coeur.

La foi prend place au coeur de nos vies, elle a des ramifications dans tous les domaines de notre existence, elle impacte nos pensées, nos projets, nos valeurs... et forcément nos pratiques.


Être fidèle à Dieu, c'est une question d'amour, pas de religion.

La deuxième affirmation découle du verset 5, où il est question à la fois d'obéissance à la Parole de Dieu et d'amour pour Dieu. C'est ici qu'on comprend que la pratique religieuse ne suffit pas. Garder sa Parole, être fidèle à Dieu, c'est une question d'amour, pas de religion. Être fidèle à Dieu, c'est l'aimer. C'est un peu comme une histoire de couple... où fidélité rime avec amour !

Aimer, c'est obéir à la parole de Dieu. Et inversement : obéir, c'est aimer. On n'est pas ici dans la contrainte mais dans la preuve d'amour.

Si votre vie chrétienne est basée sur la contrainte, si vous venez au culte parce que vous vous sentez obligé de le faire, si vous lisez votre Bible et priez parce qu'un chrétien doit le faire, si vous essayez d'aimer votre prochain juste parce que Jésus l'a dit et que vous voulez être un bon chrétien obéissant... laissez tomber ! Arrêtez tout de suite ! Vous êtes à côté de la plaque. D'une certaine façon, vous vous mentez à vous-mêmes...

On n'est pas fidèles à Dieu en s'astreignant à une pratique religieuse ! On est fidèles à Dieu en l'aimant, et en laissant notre amour pour lui se manifester dans notre vie. Dans toute notre vie. Ne mesurez pas votre fidélité à Dieu à l'intensité de votre pratique religieuse, mais à l'intensité de votre amour pour lui.

Bien-sûr que si vous aimez Dieu, cet amour va se manifester concrètement. C'est bien ce que dit Jean... C'est aussi le sens de cette célèbre phrase de Saint-Augustin : « Aime, et fais ce que tu veux ! »

La pratique religieuse, l'obéissance aux commandements, ce n'est qu'une expression externe de cette réalité interne. Et si nous pouvons tromper les hommes par une pratique religieuse superficielle, Dieu n'est jamais dupe.

La fidélité de Dieu à notre égard est une expression de son amour, il n'en attend pas moins de nous. Être fidèle à Dieu, c'est l'aimer !


Être fidèle à Dieu, c'est marcher à la suite de Jésus-Christ

La troisième affirmation découle du verset 6. Et pour une fois, je ne suis pas fan de la traduction dans la version « Parole de Vie ». Car il y a un paradoxe dans la formulation qu'il faut faire ressortir. Comme le traduit la TOB : « Celui qui prétend demeurer en lui, il faut qu'il marche lui-même dans la voie où lui a marché. »

Vous saisissez le paradoxe ? « Celui qui prétend demeurer en lui, il faut qu'il marche... » Être fidèle à Dieu, ce n'est pas demeurer immobile et ferme, c'est marcher dans ses voies, être des disciples en marche.

La formulation de Jean est particulièrement intéressante parce qu'on peut souvent associer la fidélité à une forme d'immobilisme. Les fidèles, ce sont les gardiens du temple, ceux qui préservent la saine doctrine, ceux qui sont garants des bonnes traditions.

Or Jean le dit, pour demeurer, il faut marcher ! Être uni à Dieu, c'est vivre comme Jésus-Christ. Nous avons en lui un modèle... mais un modèle qui s'est largement écarté des modèles de son époque ! Un modèle qui, bien souvent, n'était pas là où on l'attendait.

La fidélité que Dieu attend de nous est dynamique, pas statique. Avec le Seigneur, être fidèle, ce n'est pas regarder en arrière. Voyez l'apôtre Paul. Pour lui, ce qui comptait ce n'était pas ce qui était derrière lui mais le but à atteindre. C'est dans ce sens qu'il utilisait l'image de la course. C'est la ligne d'arrivée qui l'intéresse, pas les startingblocks.

Or, j'ai l'impression que pour certains chrétiens, être fidèle c'est être crispé sur certains principes et certaines valeurs, et surtout ne pas vouloir en bouger... et d'une certaine manière, rester bloqués dans les startingblocks alors qu'il y a une course à mener !

La fidélité à laquelle le Seigneur nous appelle veut nous mettre en marche, à la suite de Jésus-Christ, notre modèle !


Conclusion

La fidélité à Jésus-Christ ne nous laisse pas dans le confort d'une écoute passive, ou d'une pratique simplement religieuse, ou de la conservation des acquis. Elle nous met à l’œuvre, elle nous pousse à aimer Dieu et notre prochain, elle nous met en marche.

On est appelé à être fidèle, non pas à une religion, une doctrine ou une Église, mais à Jésus-Christ. Il ne s'agit pas d'une fidélité figée et sclérosante mais d'une fidélité relationnelle et vivante. Une fidélité qui est une expression de l'amour que nous avons pour Dieu.