dimanche 29 décembre 2013

Une vraie bonne résolution

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Lecture biblique : Colossiens 3.12-17

Avez-vous pris des bonnes résolutions pour la nouvelle année ? Arrêter de fumer, faire du sport, commencer un régime, arrêter les régimes...

Si vous êtes en panne de bonne résolution, ce texte est peut-être pour vous !

Nous avons dans ces versets toute une série d'exhortations, qui concernent en particulier nos relations appelées à être marquées par l'amour, le pardon, la paix, une exhortation à laisser toute sa place à la parole du Christ dans notre vie. Il y aurait beaucoup à dire sur chacune d'entre elles mais c'est en particulier la dernière, qui à elle seule résume l'intention globale, qui a retenu mon attention :
17 « Tout ce que vous pouvez dire ou faire, faites-le au nom du Seigneur Jésus, en remerciant par lui Dieu le Père. »


Tout, absolument tout

Le texte original, en grec, insiste sur le « tout ». Littéralement : « Tout, quoi que vous fassiez, en paroles ou en actions, (faites) tout au nom du Seigneur Jésus, rendant grâce à Dieu le Père par lui. »

Et encore, le deuxième verbe « faire » de la phrase est sous-entendu, si bien qu'on pourrait aussi le comprendre non à l'impératif mais à l'indicatif : « Tout ce que vous pouvez dire ou faire, vous le faites au nom du Seigneur Jésus... » Qu'on le veuille ou non, c'est le cas ! C'est ainsi que le Seigneur le voit, c'est aussi ainsi que les autres, ceux qui nous entourent, le voient souvent....

Tout, absolument tout doit être fait au nom du Seigneur. Aucune parole, aucun acte, aucun domaine de notre vie, ne peut être considéré comme n'étant pas concerné. On ne peut pas dire : dans ce domaine-là, avec ces personnes-là ou à ces moments-là, ma foi n'intervient pas et je n'agis pas au nom du Seigneur Jésus. Tout, quoi que vous fassiez, est concerné. Rien n'y échappe. Ce n'est pas seulement notre pratique religieuse ou notre piété personnelle qui est concerné mais tout, paroles ou actions.

Le Nouveau Testament regorge de textes avec cette intention. A commencer par Jésus qui appelle ses disciples à renoncer à tout pour le suivre : « Si quelqu'un veut venir avec moi, il ne doit plus penser à lui-même. Il doit porter sa croix et me suivre. » (Mt 16.24). L'apôtre Paul, ailleurs que dans notre texte, a la même exigence : « Offrez-lui votre personne et votre vie, c'est le sacrifice réservé à Dieu et qui lui plaît. Voilà le vrai culte que vous devez lui rendre. » (Rm 12.1)

Tout, absolument tout dans notre vie, participe à cette vocation de disciple du Christ. Mais attention : ça ne fait pas de nous des petits saints, avec une vie austère, qui passent leur temps à prier, lire la Bible et chanter des cantiques. Ce ne sont pas les seules choses que nous puissions faire au nom de Jésus-Christ ! Loin de là...

L'idée principale est que rien dans notre vie n'est en dehors de la sphère de notre foi. Tout la concerne : notre piété, notre famille, notre travail, nos loisirs...


Tout faire au nom du Seigneur Jésus

Venons-en justement à ce que signifie « tout faire au nom du Seigneur Jésus ». En commençant d'abord peut-être et disant ce que ça ne signifie pas !

Il ne s'agit pas, en effet, de « mettre Jésus à toutes les sauces », de ponctuer toutes nos phrases par des formules devenues creuses (« Dieu voulant... »), ou pire des formules teintées de superstition... comme si le « nom de Jésus » avait des vertus magiques.

Il ne s'agit pas non plus de chercher toujours un verset biblique pour justifier toutes nos décisions et nos paroles. Ou d'être constamment dans le stress de se demander si chacune de nos décisions, même les plus banales, sont vraiment conformes à la volonté du Seigneur, à son plan tracé pour nous ! Ou de s'interroger à tout bout de champ : « qu'est-ce que Jésus ferait à ma place ? »

Il ne s'agit pas plus de croire que toute notre vie ne doit être faite que de prière, de lecture de la Bible, d'évangélisation, etc... Ce n'est certainement pas le modèle que Jésus nous a laissé dans les évangiles.

Finalement, il s'agit avant tout d'une nécessaire prise de conscience. On l'a déjà dit, ce verset peut être traduit par un impératif ou un indicatif. Qu'on le veuille ou non, tout ce qu'on dit et fait nous engage en tant que disciple du Christ. Notez bien la formulation : il ne s'agit pas seulement de tout faire « au nom de Jésus » mais de tout faire « au nom du Seigneur Jésus ». La nuance a son importance. Tout ce que nous faisons témoigne de la façon dont Jésus est, ou non, notre Seigneur. Et là, bien-sûr, cet impératif est compris différemment selon la vision que vous avez de Jésus !

Si vous voyez en lui un maître intraitable, surveillant vos faits et gestes et cherchant toujours l'erreur ou l'imperfection à corriger, alors vous serez un chrétien stressé, préoccupé par une vie qui ne sera jamais à la hauteur...

Mais si vous voyez en lui un maître, certes exigeant mais pour nous faire avancer, un maître qui se fait aussi compagnon de route, patient et bienveillant, plein de compassion, alors la réalité sera toute autre. Elle sera une invitation à vivre pleinement, dans notre quotidien, la communion avec le Christ vivant.

L'exhortation s'accompagne d'une promesse. Si nous pouvons tout dire et tout faire en son nom, c'est parce qu'il nous a envoyé et qu'il nous a promis d'être là avec nous. Si tout ce que nous faisons, nous le faisons au nom du Seigneur Jésus, alors c'est qu'il sera toujours là, avec nous, dans tout ce que nous faisons.

La bonne résolution s'accompagne donc d'une promesse pour la nouvelle année...


Tout faire en rendant grâce à Dieu

Une dernière remarque mérite encore d'être faite. La fin de notre verset précise qu'il s'agit de tout faire au nom du Seigneur Jésus « en remerciant par lui Dieu le Père. »

Voilà qui souligne encore que ce dont il est question avant tout ici, c'est d'une attitude de coeur. L'état d'esprit que le Seigneur attend d'abord de nous est la reconnaissance. On est loin de la peur d'un Dieu inquisiteur, du stress de savoir si chacun de nos actes ou de nos paroles seront en tout point conformes à la volonté de Dieu... On est dans la confiance et la paix devant un Dieu qui veut notre bien et duquel nous recevons toutes choses. Et si on reçoit toutes choses dans notre vie comme des dons de Dieu, alors nos paroles et nos actes témoigneront de notre appartenance à Jésus-Christ. Parce que nous serons dans une juste et saine relation avec notre Dieu.

Tout faire en rendant grâce à Dieu ce n'est pas tout faire en craignant de se tromper, en ayant peur de déplaire à Dieu ou de s'écarter de sa volonté. C'est tout faire dans la confiance en un Dieu bienveillant. C'est considérer notre vie comme une façon de répondre, concrètement, à la grâce de Dieu manifestée envers nous. C'est faire de notre vie un grand merci à l'amour de Dieu.


Conclusion

« Tout ce que vous pouvez dire ou faire, faites-le au nom du Seigneur Jésus, en remerciant par lui Dieu le Père. »

Une bonne résolution et une promesse pour le même prix, c'est bon à prendre ! Or, c'est bien ce qu'est ce texte.

Bonne résolution : il peut traduire notre désir de glorifier Dieu, par nos paroles et nos actes, en agissant au nom du Seigneur Jésus, dans un esprit de reconnaissance. Promesse : de la part de celui qui nous envoie en son nom, il sera avec nous, pour que nous puissions agir en son nom.

dimanche 15 décembre 2013

Deux métaphores pour une espérance

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Lecture biblique : Esaïe 35.1-10

Quel beau texte ! Un poème qui chante l'espérance. Certes, il s'adresse à un peuple exilé et promet le retour dans leur pays. Mais il va bien au-delà. Ce poème nous est donné pour nous encourager (v.3-4) :

Redonnez de la force aux bras fatigués,
rendez plus solides les genoux tremblants.
Dites à ceux qui perdent courage :
« Soyez forts ! N'ayez pas peur !
Voici votre Dieu.
Il vient vous venger
et rendre à vos ennemis
le mal qu'ils vous ont fait,
il vient lui-même vous sauver. »

D'ailleurs Jésus lui-même a fait référence à ce texte pour encourager Jean-Baptiste alors qu'il était en prison et qu'il se demandait si Jésus était bien le Messie qui devait venir.

Laissons-nous donc encourager ce matin par ce beau texte d'espérance ! Explorons les deux métaphores qui y sont développées : celle du désert qui refleurit et celle du chemin.


Un désert qui refleurit

La sonde américaine Curiosity a découvert à la surface de Mars des preuves directes d'un ancien lac d'eau douce. On a déjà cherché vainement de l'eau sur la Lune. Depuis des années on en cherche sur Mars. Pourquoi ? Parce qu'en cherchant de l'eau, on espère trouver des traces de vie. Là où il y a de l'eau, il pourrait y avoir de la vie.

Dans la Bible aussi, l'eau et la vie sont étroitement liées, dès les premières pages de la Genèse (les eaux primitives, le fleuve qui irrigue le jardin d'Eden...) jusqu'aux dernières de l'Apocalypse (retour du fleuve de la vie dans la Nouvelle Jérusalem), en passant par les paroles de Jésus (« Celui qui boit l'eau que je lui donnerai, il n'aura plus jamais soif. Au contraire, l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source, et cette source donne la vie avec Dieu pour toujours. » - Jn 4.14).

Et il en est de même dans notre texte. Si le désert se couvre de fleurs, c'est parce que le pays desséché est à nouveau irrigué (v.6-7) :

De l'eau jaillira dans le désert,
des fleuves couleront dans la terre sèche.
Le sable brûlant se changera en lac,
la terre de la soif deviendra une région de sources.
À l'endroit où les chacals habitaient,
le roseau et le
 papyrus pousseront.

Or, l'eau, dans notre texte, ne se contente pas de donner la vie, elle redonne vie à ce qui était mort. Elle n'est pas seulement symbole de vie, elle est symbole de renaissance, de résurrection. Voilà pourquoi notre texte ne parle pas de naissance mais de guérison (v.5-6) :

Alors les yeux des aveugles verront clair,
les oreilles des sourds entendront.
Les boiteux bondiront comme des gazelles,
et la bouche des muets s'ouvrira pour exprime
r leur joie.

Cette espérance de vie, de restauration, de résurrection, a évidemment connu un accomplissement partiel lors du retour de l'exil. Mais comment ne pas y avoir un plein accomplissement avec la venue de Jésus-Christ ? Cette eau qui donne la vie, c'est lui qui l'a apportée. C'est lui qui a guéri des aveugles, des sourds, des boiteux et des muets. La puissance de vie s'est manifestée dans toute sa gloire au jour de sa résurrection.

Notre espérance de vie et de résurrection, elle est bien dans le Christ. Une espérance qui nous aide à traverser les déserts de nos vies, à supporter nos souffrances et nos blessures. Un jour, aussi, le désert de nos vies refleurira !


Un chemin vers Dieu

L'autre métaphore développée dans notre texte d'espérance est celle du chemin : « Il y aura là une route qu'on appellera 'le chemin de Dieu' » (v.8). Son nom est, littéralement : « La voie sacrée », c'est à dire le chemin qui appartient à Dieu. C'est donc un chemin privé ! D'où la précision (v.8) :

Aucune personne impure n'y passera,
Il sera réservé au peuple du SEIGNEUR.

Tout le monde ne peut pas l'emprunter. Il faut appartenir au peuple du Seigneur. Mais pour celui qui l'emprunte, c'est un chemin sûr, sur lequel on peu marcher en sécurité. On n'y rencontre ni lion ni bête sauvage.

Enfin, ce chemin conduit à Sion, mont sur lequel le temple était construit. C'est donc un chemin qui conduit à Dieu. Et sur lequel on marche dans la joie. Voilà qui rappelle les cantiques des montées, ces psaumes chantés par les pèlerins qui montaient au temple à Jérusalem.

La perspective est bien celle d'une reconstruction du temple. Pour le peuple de Juda exilé, ce chemin est donc la promesse d'un retour dans le pays mais c'est aussi un appel à un retour à Dieu. Un appel auquel il convient de répondre dès maintenant, sans attendre le retour de l'exil.

C'est là que ce texte garde toute sa pertinence pour nous. D'autant que sa perspective va au-delà du contexte du prophète. Cette joie absolue, une joie plus jamais assombrie par le chagrin et la souffrance, nous oriente vers un autre accomplissement. Ce chemin d'Esaïe rappelle la vision de la Nouvelle Jérusalem, à la fin de l'Apocalypse, où les portes de la ville sont constamment ouvertes, où les peuples apportent leurs richesses et où « rien d'impur ne pourra entrer dans cette ville » (Ap 22.27). Une ville où il n'y aura plus de malédiction, plus ni deuil, ni cris, ni souffrance...

Ce chemin décrit par Esaïe, pour nous, c'est le chemin du salut. Celui qui donne sens à notre vie, qui nous mène jusqu'à Dieu et nous procure une joie que rien ne peut ôter. Notre salut est un chemin. Ce n'est pas juste un ticket d'entrée pour le ciel qu'on devra présenter après notre mort pour accéder au paradis ! Notre salut est un chemin sur lequel nous marchons dès aujourd'hui.

Ce chemin a un nom : Jésus-Christ. Il l'a dit lui-même : « Je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. » (Jn 14.6) Cette « voie sacrée », c'est celle que Jésus a empruntée pour nous en mourant sur la croix. Et sa résurrection nous ouvre les portes de la présence de Dieu. Marcher sur ce chemin dès aujourd'hui, c'est vivre en communion avec Jésus-Christ.


Conclusion

Un désert qui refleurit et un chemin qui mène à Dieu. Une espérance de vie et une espérance qui donne sens à notre vie. Voilà ce qu'annonce ce beau texte d'Esaïe. Sa portée va bien au-delà du retour de l'exil pour le peuple de Juda, même s'il y fait bien référence.

C'est un texte que nous pouvons nous approprier, à la lumière de la personne et de l’œuvre de Jésus-Christ. C'est lui la source qui dispense l'eau de la vie. C'est lui le chemin qui mène à Dieu. C'est dans la foi et la communion avec le Christ vivant que nous pouvons vivre l'espérance. Non pas demain seulement, mais dès aujourd'hui !

dimanche 1 décembre 2013

La paix dans le monde ? Et pourquoi pas !


Lecture biblique : Esaie 2.1-5

A la première lecture, ça semble trop beau pour être vrai... L'amour, la paix universelle ! Ça ressemble presque à un discours d'élection de Miss France qui souhaite « la paix dans le monde » !

En réalité ce texte est bien plus profond que cela. Certes, il parle de paix. Mais en quels termes ? Et de quelle paix parle-t-il ?

Il faut bien-sûr se replacer dans le contexte d'Esaïe : la région est à feu et à sang, la menace assyrienne, puissance redoutable à la soif d'expansion intarissable est aux portes du pays. Que faire pour se protéger ? Trouver une alliance ? Attendre les bras croisés, résignés ?

La guerre semble inéluctable. Le peuple s'apprête à vivre des jours sombres...

De plus, le contexte social et spirituel du peuple n'est pas au beau fixe non plus. La majeure partie du discours du prophète, dans les premiers chapitres, est de dénoncer l'idolâtrie et l'injustice qui règnent dans le peuple.

Et là, après un premier chapitre sévère mais réaliste sur l'état spirituel du peuple, et avant un nouveau long discours dénonçant les mêmes travers, interviennent ces quelques versets. Comme un havre de paix au milieu de la tourmente. Une promesse qui concerne l'avenir, sans savoir précisément quand : « Un jour, dans l'avenir... » (« Dans la suite des temps... » - NBS). L'espérance que grâce à l'intervention du Seigneur, la paix sera instaurée sur toute la terre.

Mais c'est le verset 4 qui a retenu particulièrement mon attention dans ce chapitre, notamment avec ses métaphores étonnantes de la paix. Un verset d'une grande profondeur qui nous aide à comprendre ce que doit être la paix, et pas seulement pour les peuples d'Israël et de Juda au temps d'Esaïe !


Pas de paix sans un Dieu de paix

Une idée au coeur de ce texte est qu'il ne peut pas y avoir de véritable paix sans l'intervention de Dieu. C'est évidemment la vision d'un croyant, celle d'un prophète du Seigneur... Mais pour nous, c'est incontournable. Et même, pour utiliser le langage du Nouveau Testament, il ne peut pas y avoir de paix sans l'établissement du règne de Dieu. Jamais l'humanité, livrée à elle-même, ne parviendra à établir la paix sur terre.

Il y a certes une pointe polémique dans les premiers versets du chapitre où la montagne du temple du Seigneur s'élève au-dessus des autres montagnes. C'est une affirmation de la suprématie du Seigneur par rapport aux autres dieux, dont les sanctuaires étaient traditionnellement établis sur des collines et des montagnes. Ces dieux des peuples environnants, y compris les Assyriens, ces dieux que le peuple d'Israël avait laissé pénétré dans leur pratique idolâtre.

La montage du temple du Seigneur plus haute que les autres montagnes, c'est l'établissement du règne de Dieu, qui se traduit aussi par la reconnaissance universelle de son autorité : tous les peuples se rendent auprès de lui pour entendre son enseignement et recevoir sa justice.

Mais dans notre fameux verset 4, lorsque la justice de Dieu est évoquée, ce n'est pas du tout une justice terrible et punitive, une vengeance face aux ennemis. C'est une justice pacifiée et pacificatrice. Le Seigneur n'y apparaît pas comme un justicier mais comme un arbitre !

N'est-on pas ici dans la lignée de la justice de Dieu telle qu'elle nous sera pleinement révélée dans le Nouveau Testament, à travers la personne et l’œuvre de Jésus-Christ ? Non pas une justice selon la loi du talion (oeil pour oeil, dent pour dent) mais selon la loi de l'amour. Non pas une justice implacable et froide, mais une justice pleine de grâce. Le but de la justice de Dieu, ce n'est pas la punition mais la restauration ! Une justice qui apporte la paix.

Le temps de l'Avent qui commence aujourd'hui nous conduira jusqu'à Noël, la naissance de Jésus-Christ. Une naissance annoncée par les anges comme une source de paix pour tous les hommes : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et sur la terre paix à ceux que Dieu aime ! » (Luc 2.14)


La paix n'est pas seulement l'absence de conflit

Venons-en maintenant à ce que les métaphores du verset 4 nous apprennent sur la paix que Dieu veut apporter.

Avec leurs épées,
ils fabriqueront des socs de charrue,
avec leurs lances,
ils feront des faucilles.
Un pays n'attaquera plus un autre pays,
les hommes ne s'ent
raîneront plus pour la guerre.

Les métaphores évoquent le fait que les soldats redeviennent cultivateurs. Plus besoin d'épées ou de lances, il faut maintenant des charrues et des faucilles. Les projets de guerre n'existent même plus. Non seulement, on n'a plus besoin d'épée et de lance, mais on ne s'entraîne plus pour la guerre. Plus d'arme, plus d'armée, plus de service militaire...

Il n'y a plus ni animosité ni peur entre les peuples ! On ne parle plus de force de dissuasion, plus personne ne dit « si tu veux la paix, prépare la guerre », on n'a même plus besoin d'envisager la légitime défense. Chacun y trouve son compte, paisiblement, Dieu étant devenu l'arbitre entre les peuples.

Vous aurez remarqué d'ailleurs que dans les paroles d'Esaïe, la perspective de paix qu'il décrit n'est pas celle issue d'une victoire sur ses ennemis mais d'une réconciliation de tous les peuples convergeant vers le Seigneur.

La perspective ultime d'amitié entre les peuples qui transparaît dans de nombreux écrits bibliques devrait nous mettre en garde de façon absolue contre toute tentation de racisme ou de communautarisme !

Mais remarquez un détail qui a son importance : dans les paroles d'Esaïe, il ne s'agit pas seulement de détruire les armes mais de les recycler en instruments agricoles. La paix n'est pas seulement l'absence de guerre, c'est aussi un travail pacifique, un travail de reconstruction. Il ne suffit pas de faire la paix, il faut la cultiver !

Et cela est vrai aussi dans nos relations : la paix ce n'est pas seulement l'absence de conflit ! Faire la paix, se réconcilier avec quelqu'un, ce n'est pas seulement enterrer la hache de guerre. C'est transformer cette hache en outil pour reconstruire une relation, un projet commun.

Et ici, la belle expression utilisée parfois, « artisan de paix », prend toute sa dimension. La paix, y compris dans nos relations, se construit, se façonne et se cultive.

Comment, dans nos relations, dans notre famille, dans l’Église, cultivons-nous la paix ? Est-ce que nous nous contentons d'éviter le conflit ? Est-ce que nous nous suffisons d'enterrer la hache de guerre, tout en gardant de la rancune voire de la haine ? Ou nous efforçons-nous d'être de véritable artisans de paix ?


Conclusion

Loin d'être une utopie doucereuse, cette prophétie d'Esaïe est une promesse qui continue à nous être adressée. Nous ne sommes plus dans le contexte des contemporains d'Esaïe, mais n'aspirons-nous pas aussi à la paix ?

Le projet ambitieux de Dieu pour une paix s'étendant à tous les peuples doit avoir un écho et des conséquences concrètes dans nos vies. Si le règne de Dieu apportera la paix universelle, comment nous qui prétendons être citoyens du Royaume de Dieu pourrions-nous ne pas être artisans de paix dans notre quotidien ?