dimanche 27 mars 2016

Dieu accueille tout le monde !


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Le message de Pâques annonce un monde nouveau. Radicalement nouveau. La résurrection du Christ est l'événement fondateur de ce monde nouveau. Avec lui, il y a l'émergence d'un nouveau peuple de Dieu, un peuple issu de tous les peuples et uni par la foi au Christ ressuscité.

Sauf que, dans la pratique, ça n'est pas aussi simple que ça...

Au début de l'histoire de l’Église, tous les chrétiens étaient Juifs ou prosélytes (des non-Juifs convertis au Judaïsme). Et beaucoup pensaient que c'était très bien comme ça. Et que ceux qui voulaient devenir chrétiens devaient aussi se faire circoncire (la marque de l'appartenance à la religion juive). C'était la première grande dispute théologique dans l'histoire de l’Église.

Mais le livre des Actes des apôtres relate un événement qui a tout changé : la conversion d'un païen, un officier romain du nom de Corneille. Ce n'était pas un prosélyte, même s'il était un sympathisant du judaïsme. Oh, ça n'a pas été facile ! Dieu a dû utiliser les grands moyens pour convaincre l'apôtre Pierre d'aller le visiter :
Il envoie un ange à Corneille pour lui dire de faire venir Pierre
Il envoie à Pierre une vision spectaculaire et l'avertit de la visite d'hommes qui le cherchent
Et en discutant avec Corneille, Pierre se rend compte que tout était préparé par Dieu et qu'il devait élargir sa vision de l'oeuvre de Dieu.

C'est ce qu'il dit dans le texte biblique que nous allons lire :

Actes 10.34-43
34Alors Pierre prend la parole et dit : « Maintenant, je comprends vraiment que Dieu accueille tout le monde. 35Si quelqu’un le respecte avec confiance et fait ce qui est juste, cette personne plaît à Dieu. C’est vrai dans tous les pays. 36Dieu a envoyé sa parole au peuple d’Israël : il lui a annoncé la Bonne Nouvelle de la paix par Jésus-Christ, qui est le Seigneur de tous. 37Tout a commencé après que Jean a lancé cet appel : “Faites-vous baptiser !” Vous savez ce qui est arrivé, d’abord en Galilée, puis dans toute la Judée. 38Vous savez comment Dieu a répandu la puissance de l’Esprit Saint sur Jésus de Nazareth. Jésus est passé partout en faisant le bien. Il guérissait tous ceux qui étaient prisonniers de l’esprit du mal, parce que Dieu était avec lui. 39Et nous, nous sommes témoins de tout ce qu’il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. On l’a supprimé en le clouant sur une croix. 40Mais, le troisième jour, Dieu l’a réveillé de la mort et il lui a donné de se montrer 41non pas à tout le peuple, mais à nous. En effet, Dieu nous a choisis d’avance comme témoins. Quand Jésus s’est relevé de la mort, nous avons mangé et bu avec lui. 42Il nous a commandé d’annoncer la Bonne Nouvelle au peuple et de rendre ce témoignage : Jésus est celui que Dieu a choisi pour juger les vivants et les morts. 43Tous les prophètes ont parlé de lui en disant : “Toute personne qui croit en lui reçoit par son nom le pardon des péchés.” »


Dieu accueille tout le monde !

« Maintenant, je comprends vraiment que Dieu accueille tout le monde. » On pourrait traduire « Je comprends que Dieu n'est pas partial, qu'il ne fait pas de favoritisme ». Etymologiquement, le terme grec évoque le fait de recevoir quelqu'un en fonction du visage, des apparences.

Alors, évidemment, Dieu n'est pas comme ça ! On se demande presque comment Pierre ne l'avait pas compris avant !!! Comment un Dieu juste et bon pourrait-il être partial ? Dieu accueille tout le monde. Il n'est pas le videur qui se tient à l'entrée de la boîte de nuit de son Royaume et qui décide de laisser entrer ou pas, en fonction de leur apparence, ceux qui se présentent à la porte !

Dieu accueille tout le monde... Et pourtant, ce n'était pas évident pour Pierre d'aller chez Corneille. Il y avait des règles très strictes qui interdisaient aux Juifs d'entrer chez des païens et de sympathiser avec eux. Alors dire cela dans ces circonstances était vraiment porteur de sens...

Dieu accueille tout le monde. Il ne nous accueille pas en fonction de notre façon de nous habiller ou de notre photo de profil sur Facebook ! Il ne nous accueille même pas en fonction de notre appartenance religieuse, de notre façon de prier ou de lire la Bible.

Sur quelle base, alors ? Pierre le dit : « Si quelqu’un le respecte avec confiance et fait ce qui est juste, cette personne plaît à Dieu. » Deux conditions : craindre Dieu et pratiquer la justice. En d'autres termes, avoir une vraie démarche de foi et une volonté de conformer sa vie en conséquence. C'est suffisamment large pour ne pas tomber dans le légalisme et le discours de morale. C'est suffisamment précis pour inviter à une démarche sincère et sérieuse. Et c'est vrai partout et tout le temps.

Il ne s'agit donc pas de dire que Dieu accueille n'importe qui et qu'il est toujours content, quoi qu'on fasse... Dieu accueille tout ceux qui vont à lui dans cet état d'esprit, dans cette démarche de foi. Qui que ce soit, quel qu'ait été son chemin de vie, quelle que soit sa situation personnelle. Voilà l'accueil que Dieu réserve à tous.

En réalité, c'est une autre façon de parler de la grâce de Dieu ! Dieu accueille favorablement tous ceux qui viennent à lui. Il ne met pas d'autre préalable à son accueil que la foi. Pas de rite ni de mérite.

Si Dieu accueille tout le monde, ce n'est pas parce que tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ! Il accueille tout le monde parce qu'il a fait le nécessaire pour permettre cet accueil sans condition. C'est l'oeuvre accomplie par Jésus-Christ. Lorsque Pierre évoque les grandes étapes de la vie de Jésus, jusqu'à sa mort et sa résurrection, il conclut en affirmant que « Jésus est celui que Dieu a choisi pour juger les vivants et les morts. ». Et là, ça fait peur ! Sauf qu'immédiatement après il dit : « Toute personne qui croit en lui reçoit par son nom le pardon des péchés. »

Voilà de quel genre de jugement il s'agit ! Un jugement selon la grâce, pour le pardon des péchés. Ca veut dire que qui que nous soyons et quoi que nous ayons fait, Dieu nous accueille gratuitement, il nous donne la possibilité d'un nouveau départ, parce que Jésus-Christ est mort et ressuscité pour nous.


Et nous ?

Dieu accueille tout le monde. Et nous ? Qu'en est-il de son Église ? Accueille-t-elle vraiment tout le monde ? Et quand je dis accueillir, ce n'est pas seulement dire bonjour poliment, c'est chercher à connaître, aimer, aider. C'est vouloir intégrer dans la communauté.

Est-ce que nous accueillons tout le monde ? En théorie, oui, sans doute. Mais en pratique ? J'ai l'impression que ça n'est pas si évident que cela...

Ne se laisse-t-on pas parfois abuser par les apparences ? La première impression... La façon de s'habiller, de parler, de se comporter. On voit arriver un matin au culte quelqu'un qu'on n'a jamais vu et on se fait tout de suite une idée sur lui, sur une première impression. On lui met virtuellement une étiquette sur le front qu'il est ensuite très difficile d'enlever.

Et, au-delà du premier accueil, quand il s'agit d'approfondir la relation, d'envisager l'intégration dans la communauté, n'est-on pas parfois piégé par le modèle, plus ou moins conscient, de ce que devrait être le « bon chrétien » ou le bon « futur chrétien » ?

Dans nos Églises, on a beaucoup de mal à intégrer les profils atypiques, les cheminements qui sortent des sentiers battus. Et pourtant, il me semble qu'il y en a de plus en plus... On aimerait quand même toujours un peu qu'ils entrent dans le moule confortable du bon chrétien évangélique de base.

Vous savez – je caricature un peu – ce bon chrétien qui va au culte (presque) tous les dimanches, qui cite l'apôtre Paul dans ses prières, qui écoute de la louange dans sa voiture, sur laquelle il a collé un poisson autocollant, pour qui le film Jésus est le sommet du 7e art, qui aime le pécheur mais qui déteste le péché (enfin, des fois il mélange un peu les deux...).

Dieu accueille tout le monde... Et nous ?

De quel Dieu somme-nous les enfants ? Le Dieu de grâce révélé en Jésus-Christ ? Ou d'un autre Dieu, un Dieu sévère, exigeant, qui juge avant d'accueillir ?

Car l'enjeu pourrait bien être là. Le jugement. Car il me semble que le contraire de l'accueil, en particulier dans une Église, c'est le jugement. Comment accueillir vraiment celui qu'on juge ?

On a tous des problèmes à régler dans notre vie ! Les plus anciens membres de cette Église comme les nouveaux arrivés, les pasteurs autant que les autres. Alors on est tous mal placés pour juger les autres !!!

Nous sommes tous au bénéfice de la grâce de Dieu, de ce Dieu qui accueille tout le monde.


Conclusion

Si Dieu est parfait, les Églises ne le sont pas. C'est logique, elles sont humaines. Mais nous ne pouvons pas nous en satisfaire. L'apôtre Pierre a accepté de se faire bousculer dans le confort de ses certitudes par sa rencontre avec Corneille. Sa vision de Dieu et de son Royaume en a été bouleversée.

Si nous restons dans le confort de nos certitudes et de nos schémas préconçus, notre vision de Dieu et de son Royaume restera étriquée. Et l'explosion de vie de la résurrection de Jésus-Christ restera pour nous un pétard mouillé. Quel dommage !

Jésus-Christ est ressuscité ! Et par lui, le Dieu de grâce accueille tout le monde. La promesse est pour tous : « Toute personne qui croit en lui reçoit par son nom le pardon des péchés »

vendredi 25 mars 2016

Méditation pour le Vendredi Saint

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Le prophète nous interpelle : « qui a cru à la nouvelle que nous avons apprise ? Qui a reconnu la puissance du Seigneur ? » (Esaïe 53.1)

Car il peut paraître étrange de commémorer, chaque année, la mort du Christ. Il est étonnant d'avoir pour emblème la croix, un instrument de torture...

Et pourtant... les chants du Serviteur d'Esaïe annonçaient bien pour le Messie un chemin de souffrance. Et Jésus a accepté d'emprunter ce chemin, non sans peine comme en témoigne l'épisode de Gethsémané.

Car ce chemin le menait jusqu'à la croix.
La croix, lieu de jugement, pour une mort injuste. Lui, l'innocent, condamné au milieu de brigands.
La croix, lieu de malédiction, pour le Fils de Dieu devenu homme. Moqué, battu, crucifié...
La croix, lieu de sacrifice, où Jésus-Christ donna sa vie. Lui, le Juste, prenant notre place, pécheurs.

Le Christ, Serviteur souffrant, Serviteur aimant.

Car la croix, c'est aussi la solidarité, jusqu'au bout. Alors qu'il n'était pas concerné, lui qui est demeuré sans péché, Jésus-Christ est mort pour nos péchés. Il a accepté d'offrir sa vie pour nous. Il nous a aimé jusqu'à la mort.

Où serions-nous si Jésus avait dit : « la souffrance de l'humanité, ils l'ont bien cherchée, en se détournant de Dieu. Ca ne me concerne pas ! »

Disciples du Christ, nous ne pouvons pas dire de ceux qui souffrent dans notre monde : ça ne me concerne pas.
Nous ne pouvons pas dire : « la souffrance des victimes des attentats terroristes, ça ne me concerne pas. »
Nous ne pouvons pas dire : « La souffrance des migrants fuyant la guerre et qui se retrouve devant les murs érigés en Europe, ça ne me concerne pas. »
Nous ne pouvons pas dire : « La souffrance des hommes et les femmes qui dorment dans la rue, des femmes battues, des enfants victimes d'agressions sexuelles, ça ne me concerne pas. »

Solidaire de l'humanité pécheresse, Jésus-Christ nous invite à être solidaires de la souffrance de nos frères et sœurs en humanité. Et il nous appelle à prier, à agir, à aimer. Et à proclamer que le Fils de Dieu devenu homme nous a aimé, jusqu'à la mort de la croix.

dimanche 13 mars 2016

Paul : The Revenant

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Philippiens 3.8-14
8-9 Connaître le Christ Jésus mon Seigneur, voilà le plus important. À mon avis, tout ce qu’on gagne, ce n’est rien à côté de cette connaissance. Pour lui, j’ai tout abandonné. Pour gagner le Christ et pour être uni à lui, je considère toutes ces choses-là comme des ordures. Je ne suis pas juste parce que j’obéis à la loi, mais parce que je crois au Christ. C’est Dieu qui rend juste, et il rend juste celui qui croit. 10 La seule chose que je veux, c’est connaître le Christ, et connaître la puissance qui l’a fait se lever de la mort. Ce que je veux, c’est souffrir avec lui et lui ressembler dans sa mort. 11 Ainsi, j’espère que je pourrai, moi aussi, me lever de la mort.
12 Je ne veux pas dire que j’ai déjà atteint le but, ou que je suis déjà parfait ! Mais je continue à courir pour saisir le prix, parce que le Christ Jésus m’a déjà saisi. 13 Non, frères et sœurs, je ne pense pas que j’ai déjà obtenu le prix. Mais j’oublie la route qui est derrière moi, je suis tendu en avant, et je fais la seule chose importante : 14 courir vers le but pour gagner le prix. Dieu nous appelle d’en haut à le recevoir par le Christ Jésus.

Avez-vous vu The Revenant ? Inspiré d'un fait réel, le film raconte l'histoire d'un homme, laissé pour mort par ses compagnons suite à une grave blessure dans un combat contre un ours, qui se relève et affronte tous les dangers pour retrouver celui qui l'a trahi. Dans le film, c'est le souvenir de sa femme et son fils décédés, sa soif de vengeance, mais aussi et surtout l'amour pour eux, qui lui permettent de lutter. Il semblerait que dans la réalité, c'était surtout son fusil préféré qu'il voulait reprendre à celui qui le lui avait volé en l'abandonnant...

Dans le traitement cinématographique, l'itinéraire de Hugh Glass / Leonardo DiCaprio est celui d'une résurrection. Laissé pour mort et enterré, trahi par ses frères, il sort vivant de sa tombe !

L'apôtre Paul est un peu comme Hugh Glass. Certes, avec des motivations différentes, sans esprit de vengeance. Il a un seul but : connaître le Christ. Rien ne le détournera de ce but. Un seul mouvement le caractérise : « j’oublie la route qui est derrière moi, je suis tendu en avant, et je fais la seule chose importante : courir vers le but pour gagner le prix. »

Il n'a pas croisé sur sa route des trappeurs et des indiens mais de nombreux opposants à son ministère. Il est d'ailleurs en prison au moment où il écrit cette épître ! Et s'il compare ici la vie chrétienne à une course, il la comparera ailleurs à un combat.

Paul est un homme déterminé. Il a un objectif clair et précis. Il ne s'en laisse jamais détourner et il est prêt à avancer jusqu'au bout. Sa détermination nous interpelle...


Déterminé pour quoi ? Connaître le Christ !

Son objectif est très clair et le dit explicitement deux fois dans ce texte :
« Connaître le Christ Jésus mon Seigneur, voilà le plus important » (v.8)
« La seule chose que je veux, c’est connaître le Christ » (v.10).

Connaître le Christ... Ah bon ? Il ne le connaît pas déjà ? On connaît sa conversion sur le chemin de Damas, avec la vision du Christ qu'il a reçue. On connaît son ministère et ses écrits, déjà nombreux avant cette lettre aux Philippiens, et dans lesquelles le Christ a la place centrale, au cœur de sa théologie. Paul connaît le Christ... mais il veut en connaître plus !

Paul veut plus qu'une connaissance théologique, intellectuelle. Il veut une connaissance personnelle, intime : « Le Christ, mon Seigneur ». Il ne dit parle pas de connaître le Christ « le Seigneur », ou « le Fils de Dieu », même si tout cela serait parfaitement exact. Il veut connaître le Christ « son » Seigneur. Et on n'en a jamais fini avec une telle connaissance...

Est-ce qu'on a aussi toujours envie de connaître plus le Christ ? Ou est-ce qu'on se contente de ce qu'on a acquis, par le catéchisme, notre lecture passée de la Bible ou l'écoute des prédications le dimanche ?

Paul va plus loin encore : « La seule chose que je veux, c’est connaître le Christ, et connaître la puissance qui l’a fait se lever de la mort. » (v.10a)

On comprend qu'on est bien au-delà d'une connaissance dogmatique du Christ. Il veut connaître le Christ dans sa vie, il veut expérimenter sa vie, la puissance de sa résurrection. Il sait bien que cela implique aussi des souffrances et des épreuves. C'est ce qu'il faut comprendre quand il dit : « Ce que je veux, c’est souffrir avec lui et lui ressembler dans sa mort. » (v.10b)

Alors demandons-nous à la suite de l'apôtre : Comment connaissons-nous le Christ ? Comment expérimentons-nous la puissance de sa résurrection ? Sommes-nous déterminés, comme Paul, à progresser sans cesse dans cette connaissance intime et personnelle du Christ ? Sommes-nous déterminés à ne pas nous contenter d'une vie chrétienne médiocre, d'une vie église monotone ?

Sommes-nous déterminés à voir la puissance de résurrection du Christ agir dans nos vies et celles de ceux qui nous entourent ? Une puissance qui libère, qui transforme, qui restaure ?

Le Christ est vivant ou il ne l'est pas. Et s'il est vivant, alors comment cela se manifeste dans votre vie ?


Déterminé comment ? En allant toujours de l'avant !

L'apôtre Paul évoque sa détermination en des termes très forts : « Pour lui, j’ai tout abandonné. Pour gagner le Christ et pour être uni à lui, je considère toutes ces choses-là comme des ordures. » (v.9)

Le langage, imagé, est dur, radical. Et encore, nos traductions arrondissent un peu les angles. Le terme grec traduit par ordures n'apparaît qu'ici dans le Nouveau Testament. Mais on le trouve dans d'autres textes de l'Antiquité pour désigner les excréments, avec souvent une connotation de révulsion. L'affirmation de Paul a un caractère choquant, il veut secouer ses lecteurs. Et il serait presque légitime de le traduire ainsi : « je considère toutes ces choses-là comme de la merde ! »

Les choses dont il parle ici, ce sont sans doute d'abord les connaissances qu'il a acquise avant de connaître le Christ, en tant que enseignant de la Loi, disciple du célèbre Gamaliel. Bien-sûr, toute cette connaissance acquise ne lui a pas été inutile. Il s'en est même servi dans son argumentation théologique. Mais pour Paul, sans la connaissance du Christ, toutes ces connaissances ne servent à rien.

Ici se manifeste sa détermination. Une seule chose compte : connaître le Christ. Tout le reste, tout ce qui pourrait le détourner de cet unique objectif, tout ce qui pourrait l'égarer, le distraire, il le rejette. Il en a presque du dégoût. Bien-sûr, il force le trait. Il provoque. Et nous interpelle... Quelle place la recherche du Christ, sa connaissance personnelle et intime, occupe-t-elle dans notre vie, nos préoccupations, nos projets ?

Du coup, on pourrait dire à Paul : « OK, tu as tout compris ! » Et penser qu'il est limite suffisant, voire orgueilleux et qu'il nous nargue un peu.

En fait, pas du tout. Et il rectifie lui-même cette impression possible : « Je ne veux pas dire que j’ai déjà atteint le but, ou que je suis déjà parfait ! Mais je continue à courir pour saisir le prix, parce que le Christ Jésus m’a déjà saisi. » (v.12)

Et là, on a deux éléments intéressant dans cette phrase. On pourrait les reformuler ainsi :

1° Je sais très bien que j'ai encore du chemin à faire... et c'est pour ça d'ailleurs que je continue !
2° Je sais très bien que ma détermination seule ne suffit pas. En fait, ce qui me fait avancer, c'est le Christ qui m'a déjà saisi. C'est lui qui me fait avancer. Je n'ai aucun mérite.

Paul ne se fait aucune illusion sur lui-même, il reste humble. Sa force, son moteur, c'est la grâce du Christ. C'est lui qui l'a saisi ! Et la profonde compréhension de cela ne fait que renforcer sa détermination.

« Mais j’oublie la route qui est derrière moi, je suis tendu en avant, et je fais la seule chose importante : courir vers le but pour gagner le prix. »

Je trouve qu'il y a dans cette phrase un optimisme extraordinaire. C'est comme si Paul nous disait que ce qui est devant nous est plus important que ce qui est derrière nous. Parce que devant nous, il y a le Christ vivant qui nous appelle.

Et c'est tellement important dans notre vie chrétienne. Notre espérance nous pousse en avant. Nous n'avons pas à être prisonniers de notre passé, de nos erreurs, de nos blessures. C'est aussi tellement important en Église. Nous pouvons laisser nos différends, nos désaccords, pour avancer ensemble vers le but. Pour saisir le prix. « Dieu nous appelle d’en haut à le recevoir par le Christ Jésus. »


Conclusion

Paul : The Revenant ! Un homme qui avait mille raisons de tout laisser tomber et de se décourager mais qui est toujours debout, animé d'une détermination sans faille. Son moteur à lui, ce n'est pas la vengeance (alors même qu'il ne manquait pas d'ennemis...). Son moteur, c'est l'amour du Christ. Parce que finalement, c'est bien cela qu'il faut comprendre quand Paul parle de connaître le Christ. C'est l'aimer. Mieux le connaître pour mieux l'aimer et le servir. Si sa détermination est sans faille, c'est parce qu'il a été saisi par l'amour du Christ. Et qu'il vit, au quotidien de cet amour.

Qu'en est-il pour nous ? Qu'en est-il de notre détermination à connaître le Christ et à l'aimer ? Qu'en est-il de la puissance de sa résurrection dans notre vie ?