lundi 25 décembre 2017

La joie de Noël

1 Jean 1.1-4
1 Nous vous annonçons la Parole qui donne la vie et qui existe depuis toujours. Nous l'avons entendue, nous l'avons vue de nos yeux, nous l'avons regardée avec attention, nous l'avons touchée de nos mains. 2 Oui, la vie s'est montrée, et nous l'avons vue. Nous en sommes témoins, et nous vous annonçons cette vie avec Dieu pour toujours. Elle était près du Père et elle s'est montrée à nous. 3 Cette vie, nous l'avons vue et nous l'avons entendue. Nous vous l'annonçons à vous aussi, ainsi vous serez unis à nous. Ensemble, nous serons unis au Père et à son Fils Jésus-Christ. 4 Nous vous écrivons cela pour que notre joie soit totale.

Ce prologue de la première épître de Jean, comme celui de l'Evangile selon Jean, nous parle de l'incarnation. Cette Parole, qui était dès le commencement et qui s'est manifestée parmi les humains. Cette Parole entendue, vue, contemplée et touchée. Le message de Noël c'est qu'en Jésus-Christ, le Dieu invisible devient visible, le spirituel devient matériel, la Parole devient chair.

Mais ce qui surprend ici, c'est le « nous ». Qui est désigné par ce « nous » ? C'est sans doute le « nous » des témoins oculaires. De ceux qui ont vu Jésus de leurs yeux, qui l'ont entendu de leurs oreilles, qui ont contemplé sa gloire de Ressuscité, qui l'ont même alors touché.

Ce « nous » est limité à quelques-uns : ils sont très peu nombreux à pouvoir dire tout cela. Jean en faisait partie... Mais Jean n'en reste pas à ce « nous ». Il y a ensuite un « vous », au verset 3 : « Nous en sommes témoins, et nous vous annonçons cette vie avec Dieu pour toujours. ... » Ce « vous », c'est celui des destinataires de l'épître, et à travers eux, nous aussi, qui l'entendons aujourd'hui. Ce sont ceux qui n'ont pas vu, entendu et touché le Christ mais qui ont entendu la Bonne Nouvelle à son sujet. Comme nous l'avons entendue une fois de plus ce soir... C'est vous et moi.

Et si nous recevons cette Bonne Nouvelle par la foi, alors nous sommes en communion avec les premiers témoins oculaires du Christ : « Nous vous l'annonçons à vous aussi, ainsi vous serez unis à nous. » Et cette communion n'est pas seulement une communion de pensée ou d'opinion, c'est une communion spirituelle, une communion « avec le Père et avec son Fils, Jésus-Christ. »

Si bien que le « nous » du verset 4 est sans doute différent du « nous » du verset 1. Jean dit à la fin de notre passage : « Nous vous écrivons cela pour que notre joie soit totale. ». Mais de la joie de qui parle-t-il ? Seulement de celle des témoins oculaires ? Ne serait-ce pas la joie de tous ceux qui partagent la communion avec le Père et le Fils ? Le « nous » du verset 4 englobe le « nous » du verset 1 et le « vous » du verset 3...

Nous pouvons partager la même joie que les bergers témoins de la naissance de Jésus, la même joie que les disciples témoins oculaires du Christ jusqu'à sa résurrection, la même joie que tous les chrétiens depuis 2000 ans qui chantent Noël.

Si la joie de Noël est évidente pour ceux qui fêtent Noël dans une famille unie, avec plusieurs générations qui partagent un bon repas et s'échangent des cadeaux, qu'en est-il pour ceux qui n'ont pas cette chance, pour ceux qui sont seuls, ou en rupture avec leur famille, ou qui n'ont pas les moyens ou la possibilité d'offrir des cadeaux ? Qu'en est-il de ceux qui vivent Noël dans un pays en guerre, ou en exil loin de leur pays, ou de façon clandestine parce qu'ils n'ont pas le droit d'afficher leur foi ?

Mais pour le croyant, la joie de Noël ne dépend pas des circonstances. La joie de Noël, c'est celle qui naît de la connaissance d'un Dieu qui est devenu l'un des nôtres pour nous sauver, qui s'est fait serviteur, partageant notre condition humaine, nos limites et nos souffrances, nos tentations et nos épreuves, par amour.

Noël, c'est la joie profonde d'être compris et aimé par Dieu, et cela reste vrai dans toutes les circonstances de notre vie.

dimanche 10 décembre 2017

Un nouvel espoir !

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Esaïe 40.1-11

1 Redonnez de l'espoir à mon peuple. Oui, redonnez-lui de l'espoir, dit votre Dieu. 2 Rendez courage à Jérusalem. Annoncez-lui à haute voix : « Les travaux forcés sont terminés pour toi, tu as fini de réparer ta faute, le SEIGNEUR t'a fait payer le prix total de tous tes péchés. » 3 Quelqu'un crie : « Dans le désert, ouvrez un chemin pour le SEIGNEUR. Dans ce lieu sec, faites une bonne route pour notre Dieu. 4 Remplissez de terre le creux des vallées, abaissez les montagnes et les collines. Changez en plaines toutes les pentes, et les hauteurs en vallée. 5 Alors la gloire du SEIGNEUR paraîtra, et tous les habitants de la terre la verront. Voilà l'ordre du SEIGNEUR. » 6 Quelqu'un me dit : « Crie ! » Je demande : « Qu'est-ce que je dois crier ? » Il répond : « Ceci : les êtres humains sont comme l'herbe, ils ne sont pas plus solides que les fleurs des champs. 7 Quand le souffle du SEIGNEUR passe sur elles, l'herbe sèche et la fleur tombe. — Oui, les êtres humains sont aussi fragiles que l'herbe. — 8 L'herbe sèche et la fleur tombe, mais la parole de notre Dieu tient toujours. » 9 Jérusalem, monte sur une haute montagne. Ville de Sion, crie de toutes tes forces. Toi qui apportes une bonne nouvelle, élève la voix, n'aie pas peur. Dis aux villes de Juda : « Voici votre Dieu ! 10 Voici le Seigneur DIEU. Il vient avec puissance. Il est assez fort pour gouverner. Il rapporte ce qu'il a gagné, il ramène la récompense de son travail. 11 Comme un berger, il garde son troupeau, il le rassemble d'un geste de la main, il porte les agneaux dans ses bras, il conduit doucement les brebis qui allaitent leurs petits. »


Nous sommes le 10 décembre. La date tant attendue approche ! Plus que quelques jours pour arriver au jour que tous, petits et grands, attendent depuis des semaines. Et tout le monde s'y prépare. On essaye de deviner ce que nous allons découvrir avec émerveillement ce jour-là... L'attente grandit. La tension est palpable. Enfin, nous allons bientôt savoir...

Je ne parle pas de Noël, je parle du nouvel épisode de Star Wars qui sort mercredi ! Qui sont les parents de Rey ? Luke est-il passé du côté obscure de la force ? Et qui est réellement Snoke, le nouveau grand méchant ?

Les mauvaises langues disent bien que la nouvelle trilogie ne fait que copier la première trilogie. Mais les mythes se répètent... l'histoire aussi ! Ce qui s'est passé il y a très longtemps, dans une lointaine galaxie, rappelle ce qui s'est passé il y a longtemps, dans un lointain pays en Palestine... et fait même écho à ce qui se passe aujourd'hui, chez nous.

Hier comme aujourd'hui, ne connaissons-nous pas un monde qui a perdu l'espoir, où de nouvelles formes de mal menacent, face à un avenir incertain voire bouché ? Et pourtant, hier comme aujourd'hui certains parlent de l'espoir fou d'un sauveur qui fera vaincre la lumière face aux ténèbres.

Et on n'est pas dans un film... Avec Esaïe, on est en Israël. Le prophète apparaît au VIIIe siècle avant Jésus-Christ alors que la menace assyrienne est aux portes du royaume d'Israël. Esaïe présente cette menace comme l'intervention de Dieu lui-même à l'égard de son peuple infidèle. Mais dans sa deuxième partie, qui commence avec le chapitre 40, le livre évoque un autre contexte, celui de l'invasion babylonienne au VIe siècle avant Jésus-Christ. Les Juifs ont été déporté à Babylone. Loin du pays que Dieu leur avait donné, loin du Temple où ils allaient rencontrer Dieu, les exilés sont dans le désespoir, avec la certitude que Dieu les a abandonné. Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir... Mais c'est dans ce contexte que Dieu va vouloir redonner de l'espoir à son peuple. Non, il ne l'a pas abandonné et il a encore des projets de libération pour lui. Et au cœur de ces chapitres 40-55, quatre poèmes commenceront à présenter un personnage mystérieux, le Serviteur du Seigneur, dans lequel le Nouveau Testament verra la figure du Messie, Jésus-Christ. 

Notre texte de ce matin est un texte d'espérance, qui répondait aux besoins spirituelles des Juifs exilés à Babylone... mais qui répond aussi à nos besoins spirituels aujourd'hui. Je vous propose d'en souligner trois.


On a besoin d'espoir !

Un nouvel espoir. C'est désormais le titre du tout premier film de la saga Star Wars... L'espoir, c'est le premier besoin auquel notre texte répond : « Redonnez de l'espoir à mon peuple ! ». Un appel qui trouve un écho bienfaisant pour nous aujourd'hui, particulièrement en ce temps de l'Avent. 

Les versions traditionnelles préfèrent traduire par « Consolez » ou « Réconfortez », et c'est bien le sens premier du verbe hébreux. Mais la consolation et le réconfort dont il s'agit s'expriment bien par un nouvel espoir dans le contexte du livre d'Esaïe. C'est bien en ouvrant des perspectives d'avenir que le Seigneur console son peuple. Le temps est venu de faire place au Seigneur et de l'accueillir comme un libérateur.

Dans ce temps de l'Avent, les paroles d'Esaïe trouvent leur écho dans le personnage de Jean-Baptiste, dont le ministère a été de préparer la venue du Christ, d'ouvrir ce chemin pour le Messie libérateur.

Aujourd'hui encore nous avons besoin d'espoir. Et le message de Noël est bien celui d'un espoir, toujours renouvelé. Le Fils de Dieu est venu, sa lumière brille dans notre obscurité. Face aux guerres et aux conflits, face au terrorisme et à la haine, face à la précarité et l'incertitude du lendemain, nous rappelons que le Fils de Dieu est venu naître dans une étable, pour nous éclairer de la lumière de Dieu, pour offrir sa vie pour nous, pour ressusciter victorieux.

Notre attente aujourd'hui, c'est qu'il vienne à nous par son Esprit pour nous relever, nous consoler, nous guider. Notre attente aujourd'hui, c'est qu'il revienne au jour fixé par Dieu, pour accomplir pleinement son Royaume et chasser définitivement jusqu'au dernier ennemi, la mort.

On a besoin d'espoir, et cet espoir se trouve en Jésus-Christ !


On a besoin de promesses fiables !

Des promesses, on en a entendu cette année, avec la campagne électorale... Sans se faire trop d'illusion sur leur fiabilité. Il y a bien un cynisme ambiant auquel nous cédons facilement. Nous n'arrivons arriver à croire aux promesses qu'on nous fait, échaudés que nous sommes par l'omniprésence de la langue de bois, les publicités mensongères ou les fake news...

Esaïe le dit : « les êtres humains sont comme l'herbe, ils ne sont pas plus solides que les fleurs des champs. Quand le souffle du SEIGNEUR passe sur elles, l'herbe sèche et la fleur tombe. — Oui, les êtres humains sont aussi fragiles que l'herbe... » (v.6b-7)

Oui les humains sont fragiles... et leurs promesses aussi ! Ce n'est pas sur un homme que tout notre espoir peut reposer. Même s'il s'agissait d'un Jedi... C'est un appui bien trop fragile. Mais comme le dit Esaïe : « L'herbe sèche et la fleur tombe, mais la parole de notre Dieu tient toujours. » (v.8)

A la fragilité de l'être humain, le prophète oppose la force de la parole de Dieu. Sa parole, ce sont ses promesses. Elles sont fiables et solides. Les Israélites l'avaient oublié, dans le désespoir de leur exil. Ils avaient oublié que le jugement de Dieu n'effaçait pas ses promesses irrévocables.

Nous pouvons penser parfois que nos erreurs, nos fautes, nous ferment les portes des promesses de Dieu. Elles peuvent, certes, nous éloigner de Dieu, provoquer en nous une sorte d'exil spirituel. Mais les promesses de Dieu demeurent.

« Si nous lui sommes infidèles,
lui demeure fidèle,
car il ne peut se renier lui-même. »
(2 Timothée 2.13)

Il est donc toujours temps de revenir à lui et de repartir à zéro. Toujours.


On a besoin de douceur !

La fin de notre texte est extraordinaire. Le prophète annonce la venue du Seigneur, en vainqueur, dans toute sa puissance... Et c'est un berger qui arrive, plein de douceur et de bienveillance !

« Voici le Seigneur DIEU. Il vient avec puissance. Il est assez fort pour gouverner. Il rapporte ce qu'il a gagné, il ramène la récompense de son travail. Comme un berger, il garde son troupeau, il le rassemble d'un geste de la main, il porte les agneaux dans ses bras, il conduit doucement les brebis qui allaitent leurs petits. » (v.10-11)

Dans la promesse d'Esaïe Dieu ne vient pas en inspirant la peur mais en inspirant la paix et la confiance. Comme il se révéla à Elie dans la souffle doux et subtil et non dans le feu et la tempête.

Comme le disait Yoda à Anakin Skywalker avant qu'il devienne Dark Vador, avec une sagesse aux accents bibliques : « La peur est le chemin vers le côté obscur : la peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine mène à la souffrance. »

La peur, la colère, la haine, la souffrance... L'espérance d'Esaïe y répond. Le message de Noël y répond. En Jésus, Dieu ne vient pas en inspirant la peur mais la paix et la confiance. Le Fils de Dieu vient avec douceur. Alors même que le peuple attendait un libérateur guerrier, que Jean-Baptiste lui-même semblait annoncer un juge intraitable, c'est un petit enfant qui viendra. Un enfant qui, adulte, se comparera à un bon berger qui prend soin de ses brebis, qui est prêt même à donner sa vie pour elles.

On a besoin de douceur et de bienveillance. Alors même que ce ne sont pas vraiment des valeurs qui sont mises en avant dans notre société, beaucoup plus marquée par la compétition, la lutte, la réussite personnelle... des valeurs qui sont aussi souvent génératrices de peur : la peur d'échouer, d'être devancé.

Nous pouvons, au contraire, regarder l'avenir avec paix et confiance, parce que nous avons un Dieu tout-puissant qui porte sur nous un regard bienveillant et plein de douceur.


Conclusion

Mercredi, je serai au cinéma pour voir le nouveau Star Wars. J'ai réservé ma place depuis plusieurs semaines... Je suis impatient ! Mais, évidemment, ce n'est que du cinéma. Le véritable espoir dont nous avons besoin ne peut pas venir d'un homme, même s'il s'agissait d'un Jedi !

Ou plutôt, il ne peut pas venir d'un homme seulement... Car Jésus-Christ est bien un homme mais il est aussi le Fils de Dieu.

On a besoin d'espoir. On a besoin de promesses fiables. On a besoin de douceur. Tout cela on le trouve en Jésus-Christ. Il a vaincu la mort : sa résurrection est notre espoir le plus grand. Il est venu accomplir le projet de Dieu : il accomplit ses promesses. Il est devenu l'un des nôtres, humble serviteur, pour manifester la compassion de Dieu.

dimanche 26 novembre 2017

Souvenez-vous...

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(Cette prédication a été donnée dans le cadre d'un culte spécial pour l'Eglise persécutée, proposé par l'ONG Portes Ouvertes)

Hébreux 10.32-34 (Parole de Vie)
32 Rappelez-vous ce qui s'est passé autrefois quand vous avez reçu la lumière de Dieu. Tout de suite après, vous avez beaucoup souffert et vous avez résisté en combattant durement. 33 Ou bien on vous a insultés et on vous a fait souffrir devant tout le monde, ou encore, vous avez soutenu ceux qu'on traitait de cette façon. 34 En effet, vous avez souffert avec ceux qui étaient en prison. Vous avez accepté avec joie qu'on vous arrache vos biens, parce que vous le saviez : vous possédiez une richesse plus grande et qui dure toujours. 

Hébreux 13.3 (Colombe)
Souvenez-vous des prisonniers, comme si vous étiez en prison avec eux, et de ceux qui sont maltraités comme étant, vous aussi, dans un corps.


Dans ce dernier verset, la construction de la phrase est étonnante. Le parallélisme qu'on aurait pu attendre n'est pas respecté, sinon on aurait dû avoir : « Souvenez-vous des prisonniers, comme si vous étiez en prison avec eux, et de ceux qui sont maltraités, comme si vous étiez maltraités avec eux. » Mais la deuxième partie de la phrase dit autre chose : « (Souvenez-vous) de ceux qui sont maltraités comme étant, vous aussi, dans un corps. »

Du coup, il y a deux façons au moins de comprendre l'expression « comme étant dans un corps ». Et peut-être, d'ailleurs, ne faut-il pas trancher et accepter la double interprétation possible...

La première façon serait de le comprendre au premier degré. La phrase ferait référence au corps physique, fragile et susceptible de souffrir, de multiples façons. En se le rappelant, les destinataires de l'épître seraient aptes à comprendre ce que peuvent être les souffrances que les croyants maltraités peuvent ressentir dans leur corps.

Il pourrait même y avoir ici une référence au fait que certains des lecteurs de l'épître pouvaient se souvenir de maltraitance qu'ils avaient subies dans leur corps : « Rappelez-vous ce qui s'est passé autrefois quand vous avez reçu la lumière de Dieu. Tout de suite après, vous avez beaucoup souffert et vous avez résisté en combattant durement. » (Hb 10.32). La phrase deviendrait alors : « Souvenez-vous de ceux qui sont maltraités comme vous, un jour, vous avez été maltraité dans votre corps. »

La deuxième façon de comprendre l'expression de ce verset serait de comprendre le mot « corps » dans un sens spirituel. Il s'agirait non plus du corps physique mais du corps spirituel qu'est l'Eglise, corps du Christ. C'est une des images courantes de l'Eglise dans le Nouveau Testament. La phrase dirait alors : « Souvenez-vous de ceux qui sont maltraités puisque vous faites partie du même corps. » Ce qui conviendrait assez bien avec la première partie du verset.

Et on peut penser ici au long développement de cette métaphore dans la première lettre de Paul aux Corinthiens, notamment lorsqu'il dit : « Si une partie du corps souffre, toutes les autres parties souffrent avec elle. Si une partie est à l'honneur, toutes les autres partagent sa joie. » (1 Co 12.26).

On peut penser aussi aux paroles de Jésus dans l'évangile selon Matthieu lorsqu'il dit, en évoquant le moment du jugement, à ceux qui ont visité des malades ou des prisonniers : « Je vous le dis, c'est la vérité : chaque fois que vous avez fait cela à l'un de mes frères, à l'un des plus petits, c'est à moi que vous l'avez fait. » (Mt 25.40). C'est aussi cela la réalité du corps du Christ ! Ce que l'on fait pour un membre du corps, on le fait pour le Christ, qui est la tête du corps.

Ainsi, peut-être faut-il ne pas choisir entre ces deux options et se dire que l'auteur de l'épître aux Hébreux a voulu jouer avec le double sens de l'expression « vous êtes dans un corps. »

Cette double compréhension pourrait même alors proposer une double optique dans la solidarité avec nos frères et sœurs persécutés.

Nous sommes appelés à nous souvenir d'eux parce que nous sommes comme eux, dans une même condition de fragilité où notre corps peut souffrir, de multiples façons, y compris  à cause d'une opposition qui peut même, un jour, se transformer en persécution. Et souvenons-nous qu'il suffit de remonter de quelques siècles seulement pour voir des protestants persécutés en France, contraints au culte clandestin, à l'exil, mis en prison ou envoyés aux galères, à cause de leur foi...

Nous sommes aussi appelés à nous souvenir d'eux parce que nous faisons corps avec eux, parce que nous sommes membres du même corps du Christ. Et si un membre souffre, tout le corps souffre. Si un membre est persécuté, tout le corps est persécuté. Ce qui se passe pour les chrétiens en Syrie, en Irak, en Erythrée, en Iran, en Centrafrique... tout cela nous concerne en tant que famille spirituelle. Ce sont nos frères et nos sœurs qui sont persécutés à cause de leur foi.

Portes Ouvertes nous propose différentes façons d'exprimer notre solidarité avec nos frères et sœurs de l'Eglise persécutée aujourd'hui : informations, pétitions, courriers... Mais la première, et sans doute la plus importante façon d'exprimer notre solidarité, c'est la prière. Car la prière nous lie. Non seulement elle nous connecte à Dieu mais elle nous connecte aussi les uns aux autres, par delà les frontières et les cultures.

« Souvenez-vous des prisonniers, comme si vous étiez en prison avec eux, et de ceux qui sont maltraités comme étant, vous aussi, dans un corps. »

dimanche 19 novembre 2017

L'Eglise et la mission... de Dieu

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Quelle est la mission de l'Eglise ? Quand on pose cette question, les réponses sont multiples. Il y a ceux qui disent que c'est d'abord l'évangélisation, d'autres qui disent que c'est l'engagement social, voire d'autres choses encore...

En réalité, définir la mission de l'Eglise se révèle souvent une mission... impossible !

Et si, finalement, la question était mal posée ?

« Ce n'est pas tant que Dieu a une mission pour son Eglise dans le monde, mais plutôt que Dieu a une Eglise pour sa mission dans le monde. La mission n'a pas été faite pour l'Eglise ; c'est l'Eglise qui a été faite pour la mission. Pour la mission de Dieu. » 
(Cité par Christopher J.H. Wright : La mission de Dieu, Excelsis, p.60)

Avant de parler de mission de l'Eglise, il faut comprendre la mission de Dieu. Une Eglise en mission, ce n'est pas une Eglise qui accomplit « sa » mission, c'est une Eglise qui entre dans la mission de Dieu.

Le Dieu qui nous est présenté dans la Bible, dès la première page, est un Dieu en mouvement, en action. Un Dieu en mission. La mission de Dieu en Genèse 1, c'était de créer un monde parfait et il ne s'est reposé que lorsque sa mission a été accomplie, lorsqu'il constata à la fin du 6e jour que ce qu'il avait fait n'était pas seulement bon comme les jours précédents mais très bon.

Mais le mal est apparu, le péché est venu abîmer la création très bonne de Dieu, il est venu défigurer l'humanité créée en image de Dieu. Dès lors, la mission de Dieu est de restaurer ce monde sous la domination du mal. C'est ce dont parle tout le reste de la Bible : la façon dont Dieu s'est impliqué dans l'histoire du monde pour le racheter. Avec comme point névralgique de cette mission de Dieu, la venue et l'oeuvre de Jésus-Christ. Et Dieu ne se reposera que lorsqu'il aura pleinement accompli la mission qu'il s'est choisie. Ce repos de Dieu est évoqué dans les dernières pages de la Bible, avec l'humanité réconciliée et un monde racheté, dans la nouvelle création.

Je vous propose donc de lire un des grands textes bibliques sur l'incarnation, centre névralgique de la mission de Dieu, et de le lire dans cette optique de comprendre la mission de Dieu dans laquelle nous sommes appelés à entrer...


Lecture biblique : Jean 1.1-18

1 Au commencement était la Parole. La Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu. 2 Au commencement, la Parole était avec Dieu. 3 Par elle, Dieu a fait toutes choses et il n'a rien fait sans elle. 4 En elle, il y a la vie, et la vie est la lumière des êtres humains. 5 La lumière brille dans la nuit, mais la nuit ne l'a pas reçue. 
6 Dieu a envoyé un homme qui s'appelait Jean. 7 Il est venu comme témoin pour être le témoin de la lumière, afin que tous croient par lui. 8 Il n'était pas la lumière, mais il était le témoin de la lumière.
9 La Parole est la vraie lumière. En venant dans le monde, elle éclaire tous les êtres humains.
10 La Parole était dans le monde, et Dieu a fait le monde par elle, mais le monde ne l'a pas reconnue. 11 La Parole est venue dans son peuple, mais les gens de son peuple ne l'ont pas reçue. 12 Pourtant certains l'ont reçue et ils croient en elle. À ceux-là, la Parole a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. 13 Et ils sont devenus enfants de Dieu en naissant non par la volonté d'un homme et d'une femme, mais de Dieu.
14 La Parole est devenue un homme, et il a habité parmi nous. Nous avons vu sa gloire. Cette gloire, il la reçoit du Père. C'est la gloire du Fils unique, plein d'amour et de vérité.
15 Jean est son témoin. Il affirme d'une voix forte : C'est de lui que j'ai parlé quand j'ai dit : « L'homme qui vient après moi est plus important que moi, parce qu'il existait déjà avant moi. » 
16 Oui, nous avons tous reçu une part de sa richesse, nous avons tous été remplis de son amour, et de plus en plus. 17 Dieu nous a donné la loi par Moïse, mais l'amour et la vérité sont venus par Jésus-Christ. 18 Personne n'a jamais vu Dieu. Mais le Fils unique, qui est Dieu et qui vit auprès du Père, nous l'a fait connaître.


1. Une mission qui n'est pas la nôtre mais celle de Dieu

La mission de Dieu n'est pas la nôtre mais celle de Dieu. Elle remonte à la nuit des temps, à l'origine de l'univers !

  • Elle nous précède : « Au commencement était la Parole. »... « Par elle, Dieu a fait toutes choses et il n'a rien fait sans elle. »... 
  • Et elle nous rejoint : « La Parole est devenue un homme, et il a habité parmi nous. » « nous avons tous reçu une part de sa richesse, nous avons tous été remplis de son amour, et de plus en plus. »

C'est le même Dieu qui a tout créé et qui est venu en Jésus-Christ. C'est, d'une certaine manière la même mission, ou disons plutôt les deux faces de la même mission : Dieu a tout créé et Dieu restaure tout ce qu'il a créé.

Alors élargissons notre regard ! Prenons conscience que l'Eglise, depuis 2000 ans et malgré ses imperfections et même ses fautes, est une part de la mission de Dieu. Et l'Eglise locale à laquelle j'appartiens est une toute petite part de cette Eglise universelle, elle-même une part de la mission de Dieu. Et moi je suis une part de l'Eglise locale à laquelle j'appartiens, qui est une petite part seulement de cette Eglise universelle, elle-même une part de la mission de Dieu.

Elargissons notre regard pour comprendre le privilège extraordinaire de faire humblement partie d'une mission si grande, celle de Dieu. Et cela doit nous déculpabiliser : cette mission, ce n'est pas la mienne, ni celle de mon Eglise. Elle ne repose pas sur nos épaules... C'est la mission de Dieu, celle qu'il accomplit pour une petite partie avec moi, avec nous. 

La vision de l'Evangile est universelle, infinie et éternelle. Et notre vision de l'Evangile est souvent locale, limitée et ponctuelle. La mission de Dieu vient du fond des âges, elle a une dimension universelle et même cosmique (elle concerne l'univers entier). Ma vision de la mission de Dieu se limite souvent à ma vie, voire à mon Eglise, et se restreint à telle action d'évangélisation ou tel témoignage concret.

Alors oui, élargissons notre regard et ouvrons-nous à la mission de Dieu. Ca déculpabilise, ça libère, ça motive !


2. Une mission qui nous fait briller de la lumière de Dieu

Quelle rôle sommes-nous alors amenés à jouer dans cette mission de Dieu ? Car nous en avons bien un, celui que le Christ lui-même a confié à ses disciples, à la fin de l'évangile : « Comme le Père m'a envoyé, moi je vous envoie » (Jean 20.21)

Il y a dans ces paroles un passage de relais. La mission de Dieu s'accomplit pleinement en Christ. Désormais, c'est à travers ses disciples qu'il continuera de le faire. Ce qui est vrai de la mission de Dieu à travers le Christ doit être aussi vrai, d'une certaine façon, de la mission de Dieu à travers ses disciples, son Eglise... nous ! Mais ce doit être un peu à la manière de Jean-Baptiste dans notre texte. « Il n'était pas la lumière, mais il était le témoin de la lumière. »... « L'homme qui vient après moi, dit-il, est plus important que moi, parce qu'il existait déjà avant moi. »

La mission de Jean-Baptiste, c'était de s'effacer devant la lumière du Christ. Il doit en être de même pour nous. Nous sommes bien appelés à briller... mais on ne brille que de la lumière du Christ, pas de la nôtre !

Puiser à la source

Si vous voulez entrer dans la mission de Dieu, il faut que vous appreniez sans cesse à connaître Dieu. Il faut s'exposer à sa lumière pour pouvoir la refléter. Il faut avoir reçu de Dieu pour pouvoir donner autour de nous :

« Oui, nous avons tous reçu une part de sa richesse, nous avons tous été remplis de son amour, et de plus en plus. » (v.16)

Recevoir une part des richesses de Dieu, être rempli de son amour, vivre dans sa lumière. Voilà notre premier impératif. Vous avez beau avoir le miroir le plus beau et le plus efficace, si vous ne l'orientez pas dans la bonne direction, il ne reflétera rien... Pour briller de la lumière du Christ dans le monde, on a beau étudier des méthodes, élaborer des stratégies, confectionner des outils pertinents, apprendre la culture dans laquelle on vit... si on ne va pas se ressourcer sans cesse auprès du Seigneur, tout cela ne servira à rien !

Une lumière qui s'expose et ne se cache pas...

Dans le prologue de l'Evangile selon Jean, la Parole est venue pour être entendue, la lumière est venue pour éclairer et révéler :

« La Parole est devenu un homme. Et il a habité parmi nous. Nous avons vu sa gloire. Cette gloire, il la reçoit du Père. » (v.14)
« Personne n'a jamais vu Dieu. Mais le Fils unique, qui est Dieu et qui vit auprès du Père, nous l'a fait connaître. » (v.18)

C'est à nous maintenant de briller de la lumière du Christ. On pense forcément à cette fameuse parole de Jésus dans le Sermon sur la Montagne : « Quand on allume une lampe, ce n'est pas pour la mettre sous un seau ! Au contraire, on la met bien en haut, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. »  (Matthieu 5.15).

Or, briller, c'est s'exposer. Et s'exposer c'est parfois se mettre en difficulté voire en danger. On ne sait jamais comment les gens vont réagir à la lumière... Cacher la lumière sous un seau, la garder pour nous, bien au chaud, c'est beaucoup plus confortable... Mais c'est contraire à la mission de Dieu qui, elle, brille, rayonne, illumine. Alors, avons-nous vraiment le désir de rayonner ?

Une lumière qui s'offre à tous mais qui ne s'impose pas

Dernier aspect de la lumière du Christ dans le prologue de Jean, c'est qu'elle a brillé pour tous, même si beaucoup refusaient de la recevoir. Elle s'offre à tous mais elle ne s'impose pas.

« La Parole est la vraie lumière. En venant dans le monde, elle éclaire tous les êtres humains. » (v.9)
« La Parole est venue dans son peuple, mais les gens de son peuple ne l'ont pas reçue. » (v.11)

La lumière de l'Evangile est une lumière généreuse, qui ne choisit pas sa cible. Un peu comme la semence que jette le Semeur, dans la parabole, et qui tombe dans tous les terrains, même le moins hospitalier.

La lumière de l'Evangile n'est pas un rayon laser, un faisceau lumineux intense et concentré qui vise, stigmatise, agresse. C'est une lumière rayonnante et large, une lumière ouverte et accueillante. Voyez Jésus qui allait à la rencontre de tous ceux que les autres rejetaient ou jugeaient.

C'est très bien de briller. Mais de quelle lumière brillons-nous ?


Conclusion

Parler de la mission de Dieu, c'est parler de l'oeuvre de Dieu dans l'histoire, dans le monde, dans notre vie. C'est reconnaître que tout ce que nous sommes et ce que nous avons, c'est à lui que nous le devons.

Et c'est libérateur parce que le poids de la mission ne repose pas sur nos épaules. C'est l'oeuvre de Dieu ! Mais, par grâce, la mission de Dieu passe par nous, elle traverse nos vies, elle emporte nos Eglises.

Elle déborde nos schémas et nos a priori. Elle nous surprend. Laissons-nous éclairer par la lumière du Christ et découvrons quels reflets elle est appelée à prendre dans notre Eglise et dans chacune de nos vies ! C'est là notre mission.

dimanche 5 novembre 2017

Soli Deo gloria

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Matthieu 23.1-12
1 Alors Jésus dit aux foules et à ses disciples : 2 « Les maîtres de la loi et les Pharisiens sont chargés d'expliquer la loi de Moïse. 3 Donc, vous devez leur obéir et vous devez faire tout ce qu'ils vous disent, mais n'agissez pas comme eux. En effet, ils ne font pas ce qu'ils disent. 4 Ils rassemblent des charges très lourdes et ils les mettent sur les épaules des gens. Mais eux, ils refusent d'y toucher, même avec un seul doigt ! 5 Toutes leurs actions, ils les font pour que les gens les regardent. Ainsi, ils agrandissent leurs phylactères. Ils allongent aussi les franges de leurs vêtements. 6 Ils choisissent les premières places dans les grands repas et les premiers sièges dans les maisons de prière. 7 Ils aiment qu'on les salue sur les places de la ville et que les gens les appellent « Rabbi ». 8 Mais vous, ne vous faites pas appeler « Rabbi ». En effet, vous avez un seul enseignant et vous êtes tous frères. 9 N'appelez personne sur la terre « Père » . En effet, vous avez un seul Père, celui qui est dans les cieux. 10 Ne vous faites pas non plus appeler « Maître ». En effet, vous avez un seul maître, le Christ. 11 Le plus important parmi vous doit se mettre à votre service. 12 Celui qui veut être au-dessus des autres recevra la dernière place. Et celui qui prend la dernière place sera mis au-dessus des autres. »

Le grand compositeur allemand Jean-Sébastien Bach signait ses partitions avec les trois lettres SDG, et parfois avec l'expression latine en entier : Soli Deo Gloria. A Dieu seul la gloire. A travers ses exhortations, c'est un peu cette même signature que Jésus aimerait que nous fassions figurer sur la partition de nos vies : A Dieu seul la gloire ! Contrairement aux chefs religieux que Jésus critique ici...

Dans les versets qui nous intéressent, Jésus parle bien des chefs religieux mais ce n'est pas tellement à eux qu'il s'adresse. Il le fera à la suite de ces versets, dans une longue diatribe contre les maîtres de la loi et les pharisiens en leur disant à plusieurs reprises : « malheur à vous ! ».

Ici, c'est à la foule et à ses disciples qu'il parle. Ce qu'il dit concerne donc tout le monde... Et il prend les chefs religieux comme des contre-exemples à ne pas suivre. En un mot : « Faites ce qu'ils disent mais ne faites pas ce qu'ils font ! »

Au verset 8 : « Ne vous faites pas appeler « Rabbi ». En effet, vous avez un seul enseignant et vous êtes tous frères. » « Rabbi » est un mot araméen et c'est le titre qu'on donnait à ceux qui enseignaient, à un maître avec ses disciples. C'est un titre qu'on donne souvent à Jésus dans les évangiles.

Au verset 10 : « Ne vous faites pas non plus appeler « Maître ». En effet, vous avez un seul maître, le Christ. » Ici c'est bien un terme grec qui est utilisé et désigne un conducteur, un guide.

On pourrait donc, dans les deux cas, parler d'un maître, à la fois dans le sens d'enseignant et de conducteur spirituel. Et Jésus dit : attention, seul Dieu doit être votre maître.

Entre ces deux exhortations, il y a celle du verset 9, qui propose la perspective inverse, non pas celle de ceux qui veulent se faire appeler « maître » mais de ceux qui veulent se trouver des maîtres ou des « Pères » : « N'appelez personne sur la terre « Père » . En effet, vous avez un seul Père, celui qui est dans les cieux. »

Et puisque nous sommes tous frères, Jésus propose alors une autre voie, celle du service mutuel : « Le plus important parmi vous doit se mettre à votre service. Celui qui veut être au-dessus des autres recevra la dernière place. Et celui qui prend la dernière place sera mis au-dessus des autres. » (v.11-12)

De ces exhortations on peut faire ressortir trois principes complémentaires :
- N'avoir d'autre maître que Dieu
- Se reconnaître comme frères
- Se faire serviteur

Trois principes pour donner à Dieu seul la gloire...


N'avoir d'autre maître que Dieu

C'est le sens premier de cette triple exhortation. Ni se faire appeler maître ni appeler quelqu'un maître ici-bas. Ce n'est pas « Ni Dieu ni maître », c'est « Dieu seul maître ».

En réalité, cela rappelle une des grandes affirmations des Réformateurs du XVIe siècle : le sacerdoce universel des croyant. Autrement dit : nous sommes tous prêtres ! Il ne peut y avoir d'intermédiaire entre le croyant et Dieu, si ce n'est Jésus-Christ seul. Pas des clercs d'un côté et des laïcs de l'autre mais tous des prêtres... tous des frères.

Le problème c'est qu'il y a, dans l'Eglise comme dans toute institution ou toute communauté humaine, des fonctions et des responsabilités différentes qui peuvent mettre certains plus que d'autres en position d'autorité. Une position dangereuse ou la tentation de « se faire appeler » maître, guide, père... est là.

Lorsque Jésus fait cette mise en garde, il ne dit pas que personne ne doit être responsable ou enseignant. Il met en lumière le danger de se faire appeler « maître ». Le danger de la recherche du prestige d'être chef, directeur, président, responsable, pasteur... au risque d'éclipser l'autorité de Dieu. Nul homme ne doit, d'une façon ou d'une autre, prendre la place de Dieu. Dans l'Eglise en particulier, les responsables, quels qu'ils soient, doivent s'effacer derrière Celui qui les a appelé.

Mais Jésus dit aussi qu'il y a un autre danger. Il est pour ceux qui se cherchent des pères, des maîtres ici-bas. Il souligne alors le danger de mettre sa foi dans un homme ou une femme, même au service de Dieu, plutôt qu'en Dieu. Le danger existe, de s'attacher plus à un pasteur, un prédicateur, un enseignant qu'à Dieu. Et lorsque ce pasteur ou ce prédicateur s'en va, la foi vacille...

N'avoir d'autre maître que Dieu est un principe garant d'un service humble qui s'efface devant Dieu et d'une foi solide, ancrée en Dieu et non en l'homme.


Se reconnaître comme frères 

L'affirmation de Jésus, « Vous êtes tous frères », est liée à la fois l'exhortation qui précède (vous avez tous un seul maître) et celle qui suit (vous avez un seul Père, qui est dans les cieux). Deux exhortations qui colorent différemment l'expression.

Si nous sommes frères parce qu'il y a un seul maître, alors nous sommes tous à égalité devant Dieu. Il n'y a pas des pères ou des mères et des frères ou des sœurs. Il n'y a que des frères et des sœurs. Nul ne peut se placer au-dessus de son frère, que ce soit à cause de son expérience, de sa connaissance ou même de son appel ! Nous sommes frères et sœurs parce que nous sommes tous disciples !

Si nous sommes frères et sœurs parce que nous avons un seul et même Père, qui est dans les cieux, alors nous sommes liés les uns aux autres, indépendamment de nos amitiés, nos « atomes crochus » ou non. Nous avons le même Père céleste : c'est Lui qui me dit qui est mon frère ou ma sœur, ce n'est pas moi qui décide...

Il est fondamental dans l'Eglise de se reconnaître comme frères et sœurs. Et il est fondamental de comprendre que ce qui fait de mon frère mon frère, c'est sa relation avec son Père céleste qui est aussi mon Père céleste. Ce n'est pas sa forme de piété, ou son appartenance à telle ou telle Eglise, ni même sa théologie . Et cela, je ne peux m'en rendre compte que si je vais à la rencontre des autres différents de moi, si je suis ouvert au dialogue et si je ne m'enferme pas dans mes a priori ou mes dogmatismes.

Se reconnaître comme frères, au-delà de nos différences, c'est glorifier notre Père commun, par le Christ qui nous unit !


Se faire serviteur

Vous êtes tous frères, vous avez un seul et même Père, un seul et même maître. Dès lors, en tant que frères et sœurs, c'est au service mutuel que vous êtes appelés. Dans le Nouveau Testament, le service est l'expression concrète de l'amour fraternel.

Le modèle du croyant, ce n'est pas le maître, c'est le serviteur. Tous les responsables, quels qu'ils soient, doivent s'en souvenir. Le « ministère » c'est le service, le « ministre » c'est le serviteur.

Notre Maître lui-même, Jésus-Christ, n'a-t-il pas montré le chemin en se faisant serviteur ? C'est toute la dynamique de l'incarnation : le Fils de Dieu qui quitte le ciel pour humblement venir sur terre, prenant la forme d'un serviteur. C'est tout le chemin du Calvaire, où le Christ a choisi de se mettre au service de nous, pécheurs, en acceptant l'humiliation jusqu'à la mort sur la croix, pour nous. Sa mort est son service ultime...

C'est pourquoi, Jésus dans ses paroles va au-delà de l'exhortation à ne pas appeler ni se faire appeler maître ici-bas, au-delà du fait d'être frères, égaux les uns envers les autres. Il s'agit d'aller plus loin et de se faire serviteur. Devant Dieu, nous sommes tous frères et sœurs. Devant notre frère ou notre sœur, nous sommes appelés à être des serviteurs.

Jésus le fait avec une formule qui exprime le renversement typique de l'Evangile : « Celui qui veut être au-dessus des autres recevra la dernière place. Et celui qui prend la dernière place sera mis au-dessus des autres. » (v.12).

Ici encore, nous avons à l'esprit l'exemple donné par le Christ. Car lui qui s'est humilié en tant que serviteur, jusqu'à la mort sur la croix, il est aussi ressuscité, élevé à la droite du Père. Comme l'apôtre Paul le dit dans son hymne de Philippiens 2.9-11 :

C'est pourquoi Dieu l'a souverainement élevé 
et lui a accordé le nom qui est au-dessus de tout nom,
pour qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse 
dans les cieux, sur la terre et sous la terre,
et que toute langue reconnaisse que Jésus-Christ est le Seigneur 
à la gloire de Dieu, le Père.


Conclusion

N'avoir d'autre maître que Dieu, se reconnaître comme frères et sœurs, et se faire serviteur. Quel est le but ultime de ces trois principes sinon de glorifier Dieu seul ?

  • N'avoir d'autre maître que Dieu, c'est lui réserver l'obéissance, lui reconnaître son autorité absolue et bienveillante.
  • Se reconnaître comme frères et sœurs, c'est glorifier dans nos relations le Père céleste qui nous unit.
  • Se faire serviteur, c'est agir à l'image de Jésus-Christ, qui s'est fait serviteur jusqu'à donner sa vie pour nous. 


Alors vivons-le ! Et la partition de nos vies portera bien cette mention : Soli Deo gloria...  A Dieu seul soit la gloire !

dimanche 15 octobre 2017

Un monde parfait... ou pas !


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Au chapitre 2, la Genèse évoquait la création de l'homme et la femme, leur vie paisible et harmonieuse dans un jardin luxuriant. Et ça peut paraître bien éloigné de la réalité de notre condition humaine aujourd'hui, et du monde dans lequel nous vivons. Or, justement, le chapitre 3 va nous révéler pourquoi notre monde aujourd'hui n'est plus celui décrit au chapitre 2.

On en était resté, à la fin du chapitre précédent, à cette phrase qui laissait déjà planer le suspense, laissant entendre que quelque chose allait se passer : « L'homme et sa femme sont nus tous les deux. Mais ils n'ont pas honte l'un devant l'autre. » (Gn 2.25)

Dès le début du chapitre 3 apparaîtra un nouveau personnage avec la figure du serpent. Avec lui, le mal, qui nous est extérieur, nous devient intérieur. Il devient le péché, le mal en nous. Et en cela, ce récit qui nous rejoint, dans notre lutte quotidienne face au mal.

Comme le texte est un peu long, je propose d'en diviser la lecture en cinq parties, que je commenterai l'une après l'autre.


1 Parmi les bêtes sauvages que le SEIGNEUR Dieu a faites, le serpent est le plus rusé. Il demande à la femme : « Est-ce que Dieu vous a vraiment dit : “Ne mangez aucun fruit du jardin” ? » 2 La femme répond au serpent : « Nous pouvons manger les fruits du jardin. 
3 Mais pour l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : “Ne mangez pas ses fruits et n'y touchez pas ! Sinon, vous mourrez.”  » 4 Le serpent répond à la femme : « Pas du tout ! Vous ne mourrez pas ! 5 Mais Dieu le sait bien : le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront. Vous serez comme des dieux, vous pourrez savoir ce qui est bien ou mal. »

La suspicion

Lorsque le serpent apparaît, c'est pour mettre en doute la parole de Dieu. Ou plutôt pour instiller la suspicion dans le cœur de la femme. Quant à ce que Dieu a dit. Ou plus précisément, quant aux prétendues intentions cachées de Dieu... « Dieu ne vous a pas tout dit... »

Vous savez, comme dans les théories du complot : on nous cache la vérité ! Ce n'est pas nouveau... C'est ce que prétend le serpent. Si Dieu empêche l'homme et la femme de manger du fruit de la connaissance du bien et du mal, c'est parce qu'il ne veut pas qu'ils deviennent comme lui, des dieux. Il veut garder égoïstement ses privilèges. « Dieu vous ment ! »

Bien-sûr, il ne le dit pas comme ça... Il le fait avec plus de finesse. Il pose une question, innocemment... et il déforme légèrement le commandement de Dieu. Mais la graine est semée. La graine de la suspicion... Une graine terriblement efficace.

Dès le début, nous voyons que la source du péché, dans la Bible, n'est pas morale mais spirituelle. Elle n'est pas d'abord dans le fait de faire des choses mauvaises... elle trouve son origine dans la suspicion, dans la perte de confiance en Dieu.


Parler du péché, ce n'est pas avoir un discours moraliste, ou faire la liste de ce qu'il ne faut pas faire. C'est d'abord parler du refus de Dieu.

Du coup, pour lutter contre le mal dans notre vie, il ne s'agit pas de faire la liste des péchés qu'on commet et de battre sa coulpe. Il nous faut avant tout développer notre foi, notre confiance en Dieu. Autrement dit, pour quitter les ténèbres, n'essayez pas de les faire disparaître mais approchez-vous de la lumière !


6 La femme se dit : les fruits de cet arbre sont beaux, ils doivent être bons. Ils donnent envie d'en manger pour savoir plus de choses. Elle prend un fruit de cet arbre et le mange. Elle en donne à son mari qui est avec elle, et il en mange aussi. 7 Alors leurs yeux s'ouvrent. Maintenant, ils voient qu'ils sont nus. Ils attachent ensemble des feuilles d'arbre, et cela leur sert de pagne.

La tentation

Lorsque la suspicion a pris racine dans le cœur, c'est le regard qui change. La femme voit le fruit de l'arbre différemment. On a même l'impression qu'elle ne voit plus que ça ! Le fruit n'a pas changé... C'est le regard de l'homme et la femme qui a changé. La tentation devient source de convoitise. La frontière entre les deux est mince !

Lorsque l'homme et la femme avaient une pleine confiance en Dieu, le fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal n'avait pas d'attrait particulier. Dieu leur avait dit de ne pas en manger. Soit. Il y a tous les autres fruits ! Ce n'est pas grave. Mais quand le serpent a réussi à instiller le doute et la suspicion, alors le regard change. Et le fruit jusqu'ici sans intérêt devient beau, attirant, appétissant... tentant !

Je n'ai certainement pas à vous faire un long discours sur la tentation... Nous en faisons tous l'expérience. Parfois douloureusement. Nous connaissons tous cette sensation désagréable de savoir pertinemment que penser, dire ou faire cela n'est pas bon... mais nous laisser quand même entraîner à le faire ! Nous connaissons tous ce passage de la tentation à la convoitise... et nous savons pertinemment qu'il est alors trop tard !

Vous avez beau lutter, quand le regard a changé, le doigt a été mis dans l'engrenage... Alors, comme l'homme et la femme, nos yeux s'ouvrent. Et nous avons honte de notre nudité. Nous connaissons la culpabilité.

Ah ! Si seulement nous n'avions pas écouté la voix de la suspicion, si seulement nous avions gardé toute confiance en Dieu !


8 Le soir, un vent léger se met à souffler. Le SEIGNEUR Dieu se promène dans le jardin. L'homme et la femme l'entendent et ils se cachent devant lui, parmi les arbres du jardin. 9 Le SEIGNEUR Dieu appelle l'homme. Il lui demande : « Où es-tu ? » 10 L'homme répond : « Je t'ai entendu dans le jardin. J'ai eu peur parce que je suis nu. Alors, je me suis caché. » 11 Le SEIGNEUR Dieu lui demande : « Qui t'a appris que tu étais nu ? Est-ce que tu as mangé le fruit que je t'avais interdit de manger ? » 12 L'homme répond : « La femme que tu m'as donnée, c'est elle qui m'a donné ce fruit, et j'en ai mangé. »
13 Le SEIGNEUR Dieu dit à la femme : « Qu'est-ce que tu as fait là ? » La femme répond : « Le serpent m'a trompée, et j'ai mangé du fruit. »

La division

Plus rien n'est comme avant. Quelque chose s'est brisé. Instantanément. L'homme et la femme se cachent l'un de l'autre. Et pire, ils ont désormais peur de Dieu. Pourtant, Dieu ne vient pas menaçant : il se promène dans le jardin, précédé d'une brise légère.

Mais l'homme et la femme ont peur. Ils n'ont pas peur de Dieu parce qu'ils lui ont désobéi. Ils ont peur « parce qu'ils sont nus ». La nudité devient un problème parce que l'innocence est perdue. Ils ne supportent plus d'être nus devant Dieu, à cause de leur conscience souillée.

Alors chacun essaye de sauver sa peau : « ce n'est pas de ma faute, c'est la femme... ou c'est le serpent... » Vous remarquerez d'ailleurs qu'il y a, indirectement, une accusation portée contre Dieu : « c'est la femme que tu m'as donnée... », « c'est le serpent... » dont il est dit dès le début du chapitre qu'il a été créé par Dieu !

Ici, on n'est plus dans le processus par lequel nous commettons le mal... Nous sommes face aux conséquences, immédiates, du péché. La division, la relation brisée, la honte, la peur, la fuite... Les conséquences du péché dans notre vie sont multiples et multiformes. Sources de souffrance, de malaise, de mal-être.


14 Alors le SEIGNEUR Dieu dit au serpent :
« Puisque tu as fait cela, je te maudis :
parmi tous les animaux,
tu avanceras sur ton ventre
et tu mangeras de la poussière
tous les jours de ta vie.
15 Voici ce que je décide :
la femme et toi,
vous deviendrez des ennemis.
Ceux qui naîtront d'elle et ceux qui naîtront de toi
deviendront des ennemis.
Ceux qui naîtront d'elle t'écraseront à la tête,
et toi, tu les blesseras au talon. »
16 Ensuite, le SEIGNEUR dit à la femme :
« Je rendrai tes grossesses pénibles,
et c'est dans la souffrance
que tu mettras des enfants au monde.
Tu seras attirée par ton mari,
mais il sera ton maître. »
17 Puis le SEIGNEUR dit à l'homme : « Tu as écouté ta femme et tu as mangé le fruit que je t'avais interdit de manger.
À cause de toi je maudis le sol.
Tu devras te fatiguer
tous les jours de ta vie
pour tirer ta nourriture de la terre.
18 Le sol produira pour toi
des plantes épineuses de toutes sortes.
Tu devras manger
ce qui pousse dans les champs.
19 Tu gagneras ta nourriture
en transpirant beaucoup,
jusqu'à ta mort.
À ce moment-là,
tu retourneras dans la terre
d'où tu viens.
Oui, tu es fait de poussière
et tu retourneras à la poussière. »

La malédiction

Après les conséquences immédiates du péché, nous trouvons dans ces paroles l'évocation d'autres conséquences, qui s'étendent bien au-delà de nous-mêmes. La malédiction du péché, c'est qu'il a des conséquences.

Le serpent est maudit : il mordra la poussière. Et il sera en guerre contre la descendance de la femme : il sera source d'hostilité. La femme connaîtra la souffrance jusque dans l'acte même de donner la vie ! L'homme verra la souffrance envahir son travail quotidien.

C'est en réalité les souffrances et les frustrations du quotidien qui sont décrits dans ces versets. C'est la réalité d'une vie, d'un monde, d'une humanité où règne le péché. Et ce sont bien des malédictions. Même s'il faut bien faire avec, il ne faut pas pour autant se résigner. Au nom de ces versets, on va refuser la péridurale parce qu'il faut souffrir en accouchant, on va justifier la soumission de la femme à son mari alors que la domination du mari sur sa femme est présentée comme une conséquence du péché ! On va justifier la pénibilité du travail... parce qu'il faut souffrir ! Non !

Mais retenons cette leçon de ces paroles : les conséquences du mal que je commets ne me concerne pas moi seulement... elles impactent mon entourage, mon prochain, mon environnement. La malédiction du péché, c'est qu'il a des conséquences, au-delà de moi-même.


20 L'homme, Adam, donne à sa femme le nom d'Ève, c'est-à-dire « la Vivante ». En effet, elle est la mère de tous les vivants. 21 Le SEIGNEUR Dieu fait des vêtements en peau d'animal pour l'homme et la femme, et il les habille de cette façon. 22 Le SEIGNEUR Dieu se dit : « Eh bien, l'homme est devenu comme un dieu : il connaît ce qui est bien ou mal. Maintenant, il ne faut pas qu'il prenne aussi les fruits de l'arbre de la vie. S'il en mangeait, il vivrait pour toujours. » 23 Alors le SEIGNEUR Dieu chasse l'homme du jardin d'Éden et il l'envoie cultiver la terre qui a servi à le faire. 24 Après que le SEIGNEUR a chassé l'homme, il place des chérubins à l'est du jardin d'Éden. Avec une épée de feu qui tourne dans tous les sens, les chérubins gardent l'entrée du chemin qui conduit à l'arbre de la vie.

Vers la rédemption !

Alors que tout semble s'être effondré, que tout semble perdu, un espoir surgit à la fin de ce chapitre. D'abord par un acte de foi étonnant de la part de l'homme qui décide de donner un nom à sa femme et il l'appelle Eve. La vivante ! C'est vraiment étonnant, d'autant qu'il le fait immédiatement après que Dieu lui a dit : « Tu es poussière et tu retourneras à la poussière ! »

Et puis il y a l'attitude de Dieu à l'égard de l'homme et la femme. Il façonne pour eux des habits de peau en lieu et place de leur pagne improvisé. Il prend soin d'eux, en tenant compte de leur nouvelle condition et de leur honte d'être nus.

Certes, il les chasse du jardin d'Eden. Mais il semble que cela aussi est pour leur bien. Dieu reconnaît que l'homme est devenu comme un dieu... mais ce n'est pas une bonne nouvelle pour l'homme ! Car il n'est pas un dieu ! L'homme pourra avoir à nouveau accès à l'arbre de vie. Non pas comme un dieu mais comme une créature rachetée. Car on retrouve cet arbre dans l'Apocalypse, dans la vision de la nouvelle Jérusalem. Il est au milieu de la ville.

La réalité du péché est universelle, douloureusement universelle. Mais la bonté et la grâce de Dieu est toujours là pour nous rejoindre là où nous en sommes. Dieu prend soin de nous, même pécheurs. Il tient compte de notre condition et nous conduit sur un chemin d'espérance. Ce chapitre 3 aurait pu être la fin de l'histoire... il n'en est que le début. Parce que Dieu a un projet de salut pour l'humanité, qui s'accomplira en Jésus-Christ !

Et il nous rejoint aujourd'hui encore, dans notre lutte contre le mal en nous. Nous pouvons nous appuyer sur ses promesses et garder l'espérance. Il est fidèle, même lorsque nous sommes infidèle !

dimanche 17 septembre 2017

Gloire au Créateur !

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Genèse 1
1 Au commencement, Dieu crée le ciel et la terre.
2 La terre est comme un grand vide. Elle est dans la nuit. Une eau profonde la recouvre. Le souffle de Dieu se tient au-dessus de l'eau. 3 Dieu dit : « Que la lumière brille ! » Et la lumière se met à briller. 4 Dieu voit que la lumière est une bonne chose. Alors il sépare la lumière de l'obscurité. 5 Dieu appelle la lumière « jour », et l'obscurité, il l'appelle « nuit ». Il y a un soir, il y a un matin. Voilà le premier jour. 
6 Dieu dit : « Qu'un toit, au milieu de l'eau, la sépare en deux parties ! » 7 Et cela arrive. Ainsi, Dieu fait le toit qui sépare l'eau d'en haut et l'eau d'en bas. 8 Dieu appelle le toit « ciel ». Il y a un soir, il y a un matin. Voilà le deuxième jour. 
9 Dieu dit : « Que toute l'eau qui est sous le ciel se rassemble au même endroit, et que le sol apparaisse ! » Et cela arrive. 10 Dieu appelle le sol « terre », et l'eau, il l'appelle « mer ». Dieu voit que c'est une bonne chose. 11 Dieu dit : « Que la terre produise l'herbe verte, avec toutes sortes de plantes et toutes sortes d'arbres à fruits ! Sur la terre, chaque plante aura ses graines. Chaque arbre aura ses fruits, avec des pépins ou un noyau, selon son espèce. » Et cela arrive. 12 La terre produit de l'herbe verte avec toutes sortes de plantes et toutes sortes d'arbres. Chaque plante a ses graines selon son espèce. Chaque arbre a ses fruits, avec des pépins ou un noyau selon son espèce. Dieu voit que c'est une bonne chose. 13 Il y a un soir, il y a un matin. Voilà le troisième jour.
14 Dieu dit : « Que des lumières dans le ciel séparent le jour et la nuit ! Elles marqueront les fêtes, les jours et les années. 15 Dans le ciel, elles serviront à éclairer la terre. » Et cela arrive. 16 Ainsi, Dieu fait les deux grandes sources de lumière : la plus grande pour commander au jour, et la plus petite pour commander à la nuit. Il fait aussi les étoiles. 17 Dieu les place dans le ciel pour éclairer la terre, 18 pour commander au jour et à la nuit et séparer la lumière de l'obscurité. Dieu voit que c'est une bonne chose. 19 Il y a un soir, il y a un matin. Voilà le quatrième jour. 
20 Dieu dit : « Que toutes sortes d'animaux vivent dans la mer ! Que les oiseaux volent dans le ciel au-dessus de la terre ! » 21 Dieu crée les grands animaux de la mer et toutes les espèces d'animaux qui se déplacent et s'agitent dans l'eau. Il crée aussi toutes les espèces d'oiseaux. Dieu voit que c'est une bonne chose. 22 Dieu les bénit en disant : « Faites des petits, devenez nombreux. Remplissez l'eau des mers. Et vous, les oiseaux, devenez nombreux sur la terre. » 23 Il y a un soir, il y a un matin. Voilà le cinquième jour. 
24 Dieu dit : « Que la terre produise toutes sortes d'animaux : animaux domestiques, petites bêtes et animaux sauvages de chaque espèce ! » Et cela arrive. 25 Ainsi, Dieu fait les différentes espèces d'animaux : les animaux sauvages, les animaux domestiques et les petites bêtes. Dieu voit que c'est une bonne chose.
26 Dieu dit : « Faisons les êtres humains à notre image, et qu'ils nous ressemblent vraiment ! Qu'ils commandent aux poissons dans la mer, aux oiseaux dans le ciel, aux animaux domestiques et à toutes les petites bêtes qui se déplacent sur le sol ! » 
27 Alors Dieu crée les humains à son image,
et ils sont vraiment à l'image de Dieu.
Il les crée homme et femme.
28 Puis il les bénit en disant : « Ayez des enfants, devenez nombreux. Remplissez la terre et dominez-la. Commandez aux poissons dans la mer, aux oiseaux dans le ciel et à tous les animaux qui se déplacent sur la terre. » 29 Dieu dit : « Sur toute la terre, je vous donne toutes les plantes avec leurs graines. Je vous donne aussi tous les arbres qui portent des fruits avec des pépins ou un noyau : ce sera votre nourriture. 30 Et je donne toute l'herbe verte comme nourriture à tous les animaux de la terre, à tous les oiseaux, à toutes les bêtes qui se déplacent sur le sol, en un mot, à tout ce qui est vivant. » Et cela arrive. 
31 Dieu regarde tout ce qu'il a fait. Et il voit que c'est une très bonne chose. Il y a un soir, il y a un matin. Voilà le sixième jour.

On ne peut pas tout dire de ce texte. Il est trop riche. On peut s'émerveiller de sa beauté, de sa force, de sa poésie. On peut y chercher une vision du monde, une réflexion sur notre place dans l'univers. Certains essayent de le confronter aux théories scientifiques sur l'origine de l'univers et de la vie... mais je ne suis pas convaincu que ce soit pertinent : ce chapitre n'a rien d'un traité scientifique.

Il me semble qu'il s'agit avant tout d'un hymne à la gloire du Dieu Créateur. Et c'est ainsi que je vous invite à le considérer... et l'on se rendra compte que ce texte a beaucoup à nous dire sur Dieu !


Dieu est libre et généreux

Commençons par le premier verset. On pourrait faire toute une prédication, voire une série de prédications, sur cette seule phrase, la première de la Bible : « Au commencement Dieu crée le ciel et la terre. »

Le choix de la version Parole de Vie de traduire le verbe au présent me paraît excellente. Bien sûr, on parle d'un événement passé : les origines de l'univers. Mais ce monde créé dans lequel nous vivons est bien l'expression d'un Dieu qui, part nature, est Créateur. Au commencement Dieu crée...

Dire qu'il y a un Dieu créateur de l'univers n'est pas qu'une affirmation philosophique abstraite. Cela nous dit déjà quelque chose de qui est ce Dieu, surtout quand on considère comment la Genèse nous présente ce Dieu Créateur.

C'est un Dieu libre et généreux. Il est libre parce qu'il ne crée pas par nécessité ou contrainte. Il y a des cosmogonies qui parlent des dieux qui s'ennuient et qui décident du coup de créer le monde et les humains pour se divertir, ou s'occuper. La Genèse nous parle d'un Dieu qui, par nature, est Créateur. Non par nécessité mais par amour, il crée, il suscite la vie. Et il est généreux parce qu'il ne crée pas chichement : il fait un monde riche et abondant, un monde foisonnant et beau.

Dieu est libre et généreux, il le manifeste dès la première page de la Bible, et il le démontrera de multiple manières tout au long de l'histoire biblique. En réalité, nous avons déjà ici, au moins de façon embryonnaire, l'expression de la grâce de Dieu. C'est bien dans la grâce de Dieu que se manifeste dans toute sa splendeur, à la fois la liberté et la générosité de Dieu.


Dieu est grand

Toujours dans le premier verset de ce texte, la Genèse dit que Dieu crée le ciel et la terre. La terre, c'est notre maison. C'est le monde que nous connaissons, le sol sur lequel nous marchons. Le ciel c'est toute cette partie de la création qui nous échappe, qui est au-dessus de nos têtes. Et ce n'est pas le fait qu'aujourd'hui nous sachions voler (avec des avions ou même des fusées) qui change grand chose. Même les sondes spatiales que nous avons envoyées aux confins de notre système solaire n'ont fait qu'un saut de puce dans l'immensité de l'univers.

Dieu crée le ciel et la terre, le monde visible et invisible. Dieu est grand ! Il est plus grand que l'univers entier qu'il a créé. Et plus nous connaissons ce monde, grâce aux découvertes scientifiques, plus le Dieu qui l'a créé nous apparaît grand ! Car il y a non seulement l'infiniment grand de l'univers mais aussi l'infiniment petit, que nous continuons l'un et l'autre d'explorer sans encore le comprendre.

Le Dieu Créateur est grand, infini et sa création en témoigne, par l'infiniment grand et comme l'infiniment petit. Et l'on pense ici à ce que l'apôtre Paul disait aux chrétiens de Rome, à propos de Dieu :

Romains 1.20
Ce qui chez lui est invisible — sa puissance éternelle et sa divinité — se voit fort bien depuis la création du monde, quand l'intelligence le discerne par ses ouvrages...


Dieu recherche l'harmonie

Une autre leçon que ce texte nous apprend sur Dieu découle de la façon dont il crée. Dès son deuxième verset, le texte s'ouvre sur une évocation du chaos et du vide, au-dessus duquel l'esprit de Dieu se tient, prêt à entrer en action :

Genèse 1.2
« La terre est comme un grand vide. Elle est dans la nuit. Une eau profonde la recouvre. Le souffle de Dieu se tient au-dessus de l'eau. »

Et lorsque Dieu se met au travail, il met de l'ordre dans le chaos, il suscite la vie et l'abondance dans cet océan primitif sombre et vide.

D'abord, dans les trois premiers jours, il crée le cadre de vie : le jour et la nuit, le haut et le bas, la mer et la terre ferme, recouverte d'arbres et de fruits. Et une fois que le cadre est créée, il suscite la vie et remplit le cadre de ses habitants : le soleil et la lune pour le jour et la nuit, les oiseaux et les animaux marins, pour le haut et le bas, tous les mammifères, l'homme y compris, pour habiter la terre.

Et quel contraste entre le chaos du verset 2, et le foisonnement de vie à l'issue du sixième jour ! Quel contraste entre cet océan primitif froid et vide et la création belle et harmonieuse à la fin du processus ! Quelle impression d'harmonie et de paix !

Dieu est un Dieu de paix. Vous savez peut-être que le mot hébreu shalom, que l'on traduit habituellement par la paix, est très riche de sens. Il évoque certes la paix, mais aussi la plénitude, l'accomplissement, l'harmonie.

Dieu est un Dieu de paix, qui cherche toujours à mettre l'harmonie là où règne le chaos. On le voit ici, dès son œuvre de création. On le verra dans toute l'histoire biblique où il n'a de cesse de vouloir rétablir la relation brisée avec ses créatures, réparer le chaos que les hommes provoque, dans leur révolte.


Dieu achève ce qu'il commence

Lorsqu'on considère ensuite la façon dont cet hymne évoque les actes créateurs de Dieu, on voit un Dieu qui achève ce qu'il commence, et qui le fait consciencieusement. Il s'assure à chaque étape que ce qu'il a fait est réussi.

A la fin de chaque jour, Dieu regarde son oeuvre et vois que c'est bon. Et c'est seulement quand il est satisfait de ce qu'il a fait qu'il passe à l'étape suivante. Il regarde. Il voit que c'est bon. Il y a un soir et un matin. C'est la fin d'un jour, passons à l'étape suivante ! Et quand il arrive à la dernière étape, à la fin du sixième jour, il peut dire que c'est très bien. Il a vraiment achevé ce qu'il a commencé à faire.

Ici encore nous pouvons dire que cette caractéristique de Dieu, nous la retrouverons tout au long de l'histoire biblique. Où on voit le Seigneur accomplir, étape après étape, patiemment, son projet de salut pour le monde. De Noé à Abraham, de David à Jean-Baptiste, jusqu'à son accomplissement, dans la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Et cela est tellement lié à la personne même de Dieu que Paul peut dire, avec assurance, aux chrétiens de Philippe :

Philippiens 1.6
Je suis sûr d'une chose : Dieu qui a commencé en vous un si bon travail va le continuer jusqu'au bout, jusqu'au jour où le Christ Jésus viendra.


Dieu a un projet particulier pour les humains

Et justement, puisqu'on parle des humains, il faut mentionner le fait qu'il y a, au cœur de cet hymne au Créateur, une place particulière réservée aux humains. Ils y apparaissent à la fois comme des êtres à part (ils sont les seuls dont on dise qu'ils sont créés en image de Dieu) et des êtres comme les autres (ils sont créés le 6e jour, comme tous les autres mammifères, ils n'ont pas de jour spécifique qui leur est dédié). Solidaires de toute la création, être vivant parmi les autres êtres vivants, nous sommes aussi liés de manière particulière à notre Créateur.

Dès la première page, la Bible affirme que Dieu a un projet particulier pour les humains. Ils ont leur place dans ce récit en tant qu'image de Dieu, comme empreinte de Dieu dans sa création. Sa signature en quelque sorte. La vocation ultime de l'être humain, c'est de glorifier son Créateur. C'est ce pourquoi nous avons avant tout été créés.

Et pour que les humains puissent accomplir cette vocation, il a tout prévu. Même la possibilité de l'incarnation. Je crois en effet que nous pouvons dire que Dieu rend possible l'incarnation en créant l'homme à son image. Avant même l'apparition du péché et du mal dans l'humanité, Dieu a prévu le moyen d'en délivrer l'humanité.

Dieu a un projet particulier pour les humains et c'est un projet de salut, au-delà même de tout ce que nous pouvons imaginer.


Conclusion

N'est-ce pas merveilleux ce que cet hymne au Dieu Créateur nous révèle de la personne de Dieu ?

  • Il est un Dieu libre et généreux : c'est un Dieu de grâce !
  • Il est un Dieu grand : en réalité, il est infini et éternel, il sera toujours plus grand que ce que nous pouvons comprendre ou même imaginer. 
  • Il est un Dieu qui toujours recherche l'harmonie, qui poursuit toujours la paix, la réconciliation.
  • Il est un Dieu qui achève ce qu'il commence, fidèle à ses promesses, digne de confiance.
  • Il est un Dieu qui a un projet particulier pour l'humanité, et qui met tout en œuvre pour l'accomplissement de son projet.

Ce Dieu-là nous est déjà révélé dans cet hymne au Créateur, il le sera encore dans toute l'histoire biblique, il le sera parfaitement dans la personne et l'oeuvre de Jésus-Christ, et il l'est aujourd'hui encore quand il vient à notre rencontre par son Esprit. Gloire à son nom !

dimanche 27 août 2017

La foi seule

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Le texte de l’Évangile de ce dimanche est parfait pour un culte de baptême ! En effet, un baptême de croyant, c'est LE moment où on professe sa foi personnelle, c'est LE moment où on dit qui est Jésus-Christ, où on proclame publiquement le reconnaître comme le Messie.

Matthieu 16.13-20
13 Jésus arrive dans la région de Césarée de Philippe. Il demande à ses disciples : « Pour les gens, qui est le Fils de l'homme ? » 14 Ils lui répondent : « Les uns disent que tu es Jean-Baptiste. D'autres disent que tu es Élie. D'autres encore disent que tu es Jérémie ou l'un des autres prophètes. » 15 Jésus leur dit : « Mais vous, qu'est-ce que vous dites ? Qui suis-je ? » 16 Simon-Pierre lui répond : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant. » 17 Alors Jésus lui dit : « Simon, fils de Jean, tu es heureux. En effet, ce n'est pas une personne humaine qui t'a fait connaître cela, mais c'est mon Père qui est dans les cieux. 18 Et moi, je te dis ceci : Tu es Pierre, et sur cette pierre, je construirai mon Église, et la puissance de la mort ne pourra rien contre elle. 19 Je te donnerai les clés du Royaume des cieux. Ce que tu refuseras sur la terre, on le refusera dans les cieux. Ce que tu accueilleras sur la terre, on l'accueillera dans les cieux. » 20 Alors Jésus donne cet ordre à ses disciples : « Ne dites à personne que je suis le Messie. »

Au cœur de notre passage, il y a la confession de foi de Pierre. Mais elle ne vient pas comme ça, spontanément. Elle est amenée par Jésus, dans son dialogue avec ses disciples.

Tout commence avec une question : « Pour les gens, qui est le Fils de l'homme ? ». Un sondage, en quelque sorte. Une enquête d'opinion. Il n'y avait pas d'instituts de sondage à l'époque, encore moins Internet ! Mais les gens parlaient. Jésus intriguait les foules et, forcément, les disciples entendaient ce qui se disait. On venait même probablement leur parler, leur poser des questions sur Jésus !

Et les réponses sont variées : Jean-Baptiste, Élie, Jérémie, ou l'un des autres prophètes. Ils rattachent Jésus à des gens qu'ils connaissent, et pas des moindres. Ce sont des grands noms qui sont cités. Les plus grands prophètes de l'histoire biblique. Les foules prenaient Jésus pour un grand homme, un homme de Dieu.

Mais Jésus savait tout cela... il n'avait pas besoin de cette enquête d'opinion. Il ne l'a fait auprès de ses disciples que pour pouvoir leur poser LA question qu'il voulait leur poser : « Mais vous, qu'est-ce que vous dites ? » Ce n'est pas l'opinion des gens à son sujet qui intéressait Jésus mais le positionnement de ses disciples.

La foi n'est pas une question d'opinion,
elle est une conviction intime et personnelle. 

Il ne s'agit pas seulement de cocher la bonne case du sondage : « Croyez-vous en Dieu ? Oui. Non. Ne se prononce pas. » Il ne s'agit pas non plus de réciter son catéchisme ou de se cacher derrière l'éducation reçue. Alors bien-sûr, notre éducation compte dans notre cheminement spirituel mais la foi reste une affaire personnelle et intime. On ne peut pas vivre sur la foi de ses parents... Un cheminement spirituel demande forcément, un jour ou l'autre, l'affirmation d'une conviction personnelle.

Le baptême est l'occasion d'exprimer cette conviction. Mais là aussi il ne s'agit pas simplement de cocher la bonne case le jour de son baptême. Il s'agit de nourrir et d'affermir notre conviction.

Comment nourrissez-vous votre foi ? Comment affermissez-vous vos convictions ? Je vous propose un test : qu'est-ce qui a changé dans vos convictions profondes ces derniers mois, ces dernières années ? Comment votre foi a-t-elle évolué ? Si vous me répondez que rien n'a changé, que vous êtes le même chrétien aujourd'hui qu'il y a 10 ans, je m'inquiéterais un peu pour vous... Il ne s'agit pas, bien-sûr, de tout balancer ou de croire tout et son contraire. Mais une foi vivante est une foi qui évolue, y compris au niveau des convictions. Parce que nous n'avons jamais fini de découvrir de nouvelles facettes de Dieu, de sa Parole, de ses projets...

Dans notre texte, la foi de Pierre s'exprime en tout cas avec conviction : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant. »

Il faut mesurer l'ampleur de la déclaration de Pierre. Il va beaucoup plus loin que tous les autres avis exprimés. La référence à tous les grands prophètes de l'histoire d'Israël pour désigner Jésus, ce n'est rien à côté de ce que dit Pierre... Et d'ailleurs Jésus le souligne par sa réaction : « ce n'est pas toi tout seul, avec ta sagesse et ton intelligence qui a pu dire cela. C'est Dieu lui-même qui te l'a révélé ! »

« Tu es le Messie. » C'est le sens du mot Christ, qui en est l'équivalent grec. Le Messie (littéralement « celui qui est oint ») c'est celui qui est choisi par Dieu, celui que les prophètes ont annoncé et qui devait venir pour accomplir le projet de Dieu pour l'humanité.  Ainsi, pour Pierre, Jésus n'est pas seulement un prophète, aussi grand soit-il. Il est celui que les prophètes ont annoncé.

« Tu es le Fils du Dieu vivant. » Autrement dit, pour Pierre Jésus n'est pas seulement « le Fils de l'homme », titre messianique repris par Jésus lui-même. Il est le Fils de Dieu. Il est Dieu lui-même, venu parmi les hommes. Et c'est sans doute cela en particulier que Pierre n'a pas pu deviner tout seul...

Par sa déclaration de foi, Pierre témoigne du fait qu'il a compris qui est Jésus. Il l'a vraiment rencontré...

La foi chrétienne, c'est la rencontre avec le Christ vivant. 

La déclaration de Pierre nous recentre sur l'essentiel. Avoir la foi, c'est connaître Jésus-Christ. C'est ça l’Évangile. Pas des dogmes. Pas un système de valeurs. Pas un ensemble de rites et de contraintes.

La voilà, la pierre sur laquelle Jésus bâtit son Église. Même si l'apôtre Pierre a joué un rôle spécial dans les premières années de l'histoire de l’Église (il suffit de lire les Actes des apôtres), ce n'est pas sur la personne de Pierre que Jésus bâtit son Église mais sur sa confession de foi, ou sur Pierre en tant que croyant qui confesse sa foi. L’Église de Jésus-Christ, c'est une communauté de croyants. Et toutes les dénominations et étiquettes qui ont été inventées par la suite sont secondaires par rapport à cela...

Nous avons donc dans ce récit l'essentiel de l’Évangile dans la révélation de la personne de Jésus-Christ, Fils de Dieu. Nous avons l'essentiel de la foi dans la confession de Pierre qui reconnaît en Jésus le Messie. Nous avons l'essentiel de l’Église que le Christ bâtit, avec les pierres des croyants qui confessent leur foi.

Nous l'avons dit, notre foi doit sans cesse évoluer, nos convictions toujours s'affermir. Mais nous ne devons jamais perdre de vue que fondamentalement, la foi est la rencontre avec le Christ. Et qu'elle vit de sa relation avec le Christ vivant.

Une foi qui ne serait que théorique, avec des convictions abstraites, aussi fortes soient-elles, ne serait pas vraiment la foi. C'est ce que dira l'apôtre Jacques dans son épître, avec sa formule choc : « la foi sans les œuvres est morte ». Sans une relation avec le Christ, qui se manifeste notamment dans la prière, sous toutes ses formes, la foi est morte...

La foi est la clé du Royaume de Dieu.

Il faut ici dire quelque chose des dernières paroles de Jésus dans notre texte. Sans doute plus difficiles à comprendre. Quelles sont ces clés du Royaume des cieux dont il parle ? Pierre a-t-il reçu un pouvoir particulier ? Est-il celui qui décide qui entrera ou n'entrera pas dans le Paradis, comme on le voit dans la piété populaire ?

En fait, on ne peut pas dissocier cette parole de celle qui suit :

« Je te donnerai les clés du Royaume des cieux. Ce que tu refuseras sur la terre, on le refusera dans les cieux. Ce que tu accueilleras sur la terre, on l'accueillera dans les cieux. »

Et cette phrase, deux chapitres plus loin (Mt 18.18), on la retrouvera dans la bouche de Jésus mais cette fois clairement adressée à tous ses disciples :

« Je vous le dis, c'est la vérité : tout ce que vous refuserez sur la terre, on le refusera dans le ciel. Tout ce que vous accueillerez sur la terre, on l'accueillera dans le ciel. »

Cette parole souligne la responsabilité des disciples. De tous les disciples. Ils ont d'une certaine manière le pouvoir d'ouvrir ou de fermer la porte du Royaume de Dieu. Ou plutôt, les clés du Royaume de Dieu sont entre leurs mains... car le Royaume de Dieu se décide sur la terre. Ici et maintenant.

Il faut se défaire d'une vision du Royaume de Dieu, ou du Paradis, comme de la récompense réservée aux bons croyants. Ou comme une espérance ou une consolation promise seulement après la mort.

Le Royaume des cieux commence maintenant, sur terre. Dans la rencontre avec le Christ vivant. Et nous avons les clés entre nos mains. Car ces clés, ce sont celles de l’Évangile. C'est ici et maintenant que se décide l'entrée dans le Royaume de Dieu, quand l’Évangile est partagé (c'est notre responsabilité de disciples !). Quand il est reçu par la foi.

Et on voit que les premiers chrétiens l'ont compris, Pierre en tête, quand on lit le livre des Actes des apôtres. Animés par le Saint-Esprit, les disciples ont parcouru l'empire romain pour proclamer la bonne nouvelle du salut en Jésus-Christ. Et en faisant cela, ils ont ouvert grand les portes du Royaume de Dieu.


Conclusion 

Un jour de baptême, c'est un jour où la bonne nouvelle du salut en Jésus-Christ est proclamée. C'est un jour où les portes du Royaume sont grandes ouvertes. Un jour où chacun, et pas seulement le ou la baptisé(e), peut s'interroger sur sa foi, quel que soit son propre cheminement.

Quelle est ma conviction intime et personnelle ? Ma foi se nourrit-elle d'une rencontre avec le Christ vivant ? Le Royaume des Dieu fait-il partie de ma vie, ici et maintenant ?

Toutes ces questions peuvent d'une certaine manière se résumer à celle que Jésus a posée à ses disciples, et qu'il nous pose à travers l'évangile de ce matin : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? »

dimanche 13 août 2017

Réhabiliter Zachée !

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(Désolé, à cause de problèmes techniques, l'enregistrement audio n'est pas disponible)

Luc 19.1-10
1 Jésus entre dans Jéricho et il traverse la ville. 2 Là, il y a un homme appelé Zachée. C'est le chef des employés des impôts. Il est riche. 3 Il cherche à voir qui est Jésus, mais il ne le peut pas. En effet, il y a beaucoup de monde et Zachée est petit. 4 Il court devant et il monte sur un arbre pour voir Jésus qui va passer par là. 5 Quand Jésus arrive à cet endroit, il lève les yeux et il dit à Zachée : « Zachée, descends vite ! Aujourd'hui, je dois m'arrêter chez toi ! »
6 Alors Zachée descend vite et il reçoit Jésus avec joie. 7 Tous ceux qui voient cela critiquent Jésus et disent : « Voilà que Jésus s'arrête chez un pécheur ! »
8 Mais Zachée, debout, dit au Seigneur : « Écoute, Seigneur ! Je donne la moitié de mes richesses aux pauvres. Et si j'ai pris trop d'argent à quelqu'un, je lui rend quatre fois plus ! » 9 Alors Jésus lui dit : « Aujourd'hui, le salut est venu dans cette maison. Oui, Zachée aussi est de la famille d'Abraham ! 10 En effet, le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »

Le regard traditionnel sur Zachée voit en lui un méchant collecteur de taxes, malhonnête, qui a besoin de se repentir, de changer de vie, pour être sauvé. On voit alors dans sa rencontre avec Jésus l'occasion pour lui de se convertir : c'est à ce moment-là qu'il décide de réparer ses torts et de rembourser généreusement ceux qu'il a extorqué. Alors Jésus affirme qu'il est sauvé !

Sauf que ce n'est pas forcément ce que dit le texte... Malgré la traduction de certaines versions françaises, au verset 8, Zachée ne parle pas au futur. Il ne dit pas : « Désormais je vais donner la moitié de mes richesses aux pauvres et je vais rembourser au quadruple celui à qui j'ai pris trop d'argent. ». Il dit : « Ecoute, Seigneur ! Je donne la moitié de mes richesses aux pauvres et si j'ai pris trop d'argent à quelqu'un, je lui rend quatre fois plus ! ». Il ne dit pas ce qu'il va désormais faire mais ce qu'il fait déjà.

En fait, c'est comme s'il disait à Jésus : « Tu sais, je ne suis pas comme ce que les gens disent de moi. Je ne mérite pas ma réputation... » Car d'où vient la réputation de Zachée ? De ce que disent les foules de lui : « Voilà que Jésus s'arrête chez un pécheur ! » Tout est dit : Zachée est un collecteur de taxes, donc c'est un pécheur !

Il faut dire que les collecteurs d'impôts n'avaient pas bonne réputation. Ils étaient la figure même du collaborateur à la solde de l'occupant romain : ils collectaient les taxes pour l'envahisseur. Et ils avaient souvent tendance à s'en mettre un peu dans les poches au passage... Qu'est-ce qu'on disait alors des collecteurs de taxes ? Ils sont tous pourris !

Jésus, lui, a une toute autre attitude puisqu'il dit à Zachée qu'il veut manger chez lui. Qu'est-ce qui l'a décidé à le faire ? Peut-être le fait de le voir, ainsi, monter sur un arbre à son passage. Une attitude qui n'est pas très digne d'un homme de son statut social... et qui traduit surtout son ardent désir de rencontrer Jésus. Peut-être Jésus a-t-il vu que Zachée n'était pas un collecteur de taxes comme les autres.

Car, il faut le dire, Jésus ne se laissait pas enfermer dans les a priori sur les gens. Ce n'est pas la première fois qu'il approchait un collecteur de taxes. Il a même appelé l'un d'eux à devenir son disciple et il l'a ensuite choisi pour faire partie des 12 apôtres. Il s'agit de Matthieu (appelé Lévi). Jésus mangeait aussi avec les collecteurs de taxes, comme avec tous ceux qu'on rejetait ou qu'on considérait comme pécheur. Les évangiles nous disent même que plusieurs suivaient Jésus.

Jean le baptiste, lui aussi, a vu des collecteurs de taxes venir à lui. Et lui non plus ne les a pas chassés. Il leur disait seulement d'être intègre dans leur tâche :

« Des collecteurs des taxes aussi vinrent pour recevoir le baptême ; ils lui demandèrent : Maître, que devons-nous faire ? Il leur dit : N'exigez rien au-delà de ce qui vous a été ordonné. » (Luc 3.12-13)

Et si Zachée avait reçu le baptême de Jean ? On n'en sait rien, évidemment, mais pourquoi pas ? Ca expliquerait son attitude intègre, peut-être même suite à son baptême. Ca expliquerait aussi son désir de rencontrer Jésus : Jean-Baptiste n'avait-il pas annoncé que le Messie allait venir à sa suite ?

Ce sont, bien-sûr, des conjectures. Mais ce qui est sûr, c'est que le texte de l'évangile laisse bien entendre que Zachée avait déjà une attitude intègre avant de rencontrer Jésus. Tous les collecteurs de taxes n'étaient donc pas des pourris ! Mais les foules n'étaient pas capables de le voir, semble-t-il...

Jésus, lui, non seulement décide d'aller manger chez Zachée mais il ne lui fait aucun reproche, il ne lui demande même pas de changer d'attitude. Il accueille au contraire ce que Zachée dit de son intégrité avec joie : « Aujourd'hui le salut est venu dans cette maison ! »  De plus, il le réhabilite aux yeux de tous : « Zachée aussi est de la famille d'Abraham ! »

La conclusion du récit : « le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » s'adresse donc peut-être moins à Zachée qu'à ceux qui le jugeaient... « Ne jugez pas afin de ne pas être jugés ! »


Les leçons de cet épisode

Je vous propose de tirer des leçons de ce récit non pas en se demandant s'il faut ou pas agir comme Zachée mais en considérant l'attitude de ceux qui entourent Zachée. Et dans ce cas, je crois qu'on peut dire que nous devons prendre exemple sur Jésus et considérer la foule comme un contre-exemple à ne pas suivre :
La foule juge et enferme Zachée dans ses a priori : c'est un collecteur de taxe donc c'est un pécheur !
Jésus accueille Zachée tel qu'il est et sait le reconnaître à sa juste valeur : c'est un fils d'Abraham !

Toute l'histoire de Zachée est résumée par ces deux affirmations : c'est un pécheur ou c'est un fils d'Abraham.

Pour la foule, Zachée est un pécheur !

Pour la foule, dire de Zachée « c'est un pécheur », c'est l'enfermer dans une catégorie. Les pécheurs, ce sont les gens à ne pas fréquenter. Ce sont les infidèles, les impurs, les gens de mauvaise vie. Pour la foule, Zachée est de ceux-là. Il est déjà jugé ! Victime des a priori.

Nous avons tous des a priori sur les gens. Mais il faut prendre conscience qu'ils sont autant de prisons qui enferment les autres... et nous-mêmes.

Ne souffrons-nous pas lorsque nous sommes victime d'a priori ? Je suis sûr qu'en tant que chrétien, peut-être plus encore en tant que protestant évangélique, vous avez déjà été confronté à des a priori des gens à votre égard. Convaincus que les chrétiens c'est comme ça, ils pensent ceci et ne font pas cela. Et ce n'est pas agréable...

Mais nous avons aussi nos a priori sur les autres. Regardez autour de vous. Que pensez-vous des gens que vous voyez ? Que savez-vous vraiment d'eux ? Quelle est la part d'a priori dans votre jugement sur eux ? Avez-vous déjà collé une étiquette sur leur front ?

Pour sortir de nos a priori, il y a deux règles d'or :
- Il faut se méfier des apparences.
- Il faut rejeter les étiquettes.

Les apparences sont trompeuses. La première impression que vous avez de quelqu'un est très rarement conforme à la réalité. Et pourtant, on en reste si souvent à cette première impression... Passez du temps avec quelqu'un, apprenez à le connaître vraiment et vous découvrirez quelqu'un d'autre. En bien ou en mal d'ailleurs...

Il faut rejeter les étiquettes. C'est pourtant tellement facile. On classe les gens en catégories et on les y enferme. Les politiciens. Les artistes. Les patrons. Les pasteurs (!) Ou alors les non-chrétiens. Les « gens du monde ». Ou même les catholiques. Les pentecôtistes... Et derrière ces étiquettes, on met en gros tout le monde dans le même panier.

Mais enfermer l'autre dans ses a priori, c'est refuser de le rencontrer tel qu'il est ! Et c'est, d'une certaine manière, le juger...

Pour Jésus, Zachée est un fils d'Abraham !

Pour Jésus, dire « c'est un fils d'Abraham », c'est reconnaître en Zachée un frère, un homme de foi. Et le dire publiquement, c'est inviter les autres à faire de même et changer de regard sur lui.

Jésus, lui, savait reconnaître la vraie valeur des gens et ne pas se laisser piéger par les apparences ou la réputation. Alors bien-sûr, on n'arrivera jamais à être comme Jésus. Il n'empêche, Jésus n'allait pas tout seul voir Zachée et les gens de mauvaise réputation qu'il n'hésitait pas à rencontrer. Il emmenait ses disciples avec lui ! N'est-ce pas aussi pour leur montrer l'exemple et les inviter à faire de même ?


N'y a-t-il pas pour nous un défi à accueillir comme Jésus accueille, à regarder comme Jésus regarde ? N'est-ce pas ainsi que nous pourrons glorifier Dieu dans nos relations ?

« Accueillez-vous les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis, pour la gloire de Dieu. » (Romains 15.7)

Sommes-nous prêts à changer notre regard ?
Sommes-nous prêts à aller au-delà des apparences et des réputations ? A aller vraiment à la rencontre des autres, à nous laisser surprendre par eux ?
Sommes-nous prêts à croire que les gens peuvent changer ou les enfermons-nous à tout jamais dans des a priori, incapable de retirer l'étiquette que nous avons collé sur leur front ?


Conclusion

L'histoire de Zachée est donc peut-être moins l'histoire d'un pécheur qui se repent que d'un homme victime de sa réputation. Nous sommes comme la foule, victimes de nos a priori. Et l'accueil du Christ nous invite à changer notre regard. Non seulement sur Zachée, mais aussi sur notre prochain !