dimanche 13 août 2017

Réhabiliter Zachée !

››› Télécharger le PDF

(Désolé, à cause de problèmes techniques, l'enregistrement audio n'est pas disponible)

Luc 19.1-10
1 Jésus entre dans Jéricho et il traverse la ville. 2 Là, il y a un homme appelé Zachée. C'est le chef des employés des impôts. Il est riche. 3 Il cherche à voir qui est Jésus, mais il ne le peut pas. En effet, il y a beaucoup de monde et Zachée est petit. 4 Il court devant et il monte sur un arbre pour voir Jésus qui va passer par là. 5 Quand Jésus arrive à cet endroit, il lève les yeux et il dit à Zachée : « Zachée, descends vite ! Aujourd'hui, je dois m'arrêter chez toi ! »
6 Alors Zachée descend vite et il reçoit Jésus avec joie. 7 Tous ceux qui voient cela critiquent Jésus et disent : « Voilà que Jésus s'arrête chez un pécheur ! »
8 Mais Zachée, debout, dit au Seigneur : « Écoute, Seigneur ! Je donne la moitié de mes richesses aux pauvres. Et si j'ai pris trop d'argent à quelqu'un, je lui rend quatre fois plus ! » 9 Alors Jésus lui dit : « Aujourd'hui, le salut est venu dans cette maison. Oui, Zachée aussi est de la famille d'Abraham ! 10 En effet, le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »

Le regard traditionnel sur Zachée voit en lui un méchant collecteur de taxes, malhonnête, qui a besoin de se repentir, de changer de vie, pour être sauvé. On voit alors dans sa rencontre avec Jésus l'occasion pour lui de se convertir : c'est à ce moment-là qu'il décide de réparer ses torts et de rembourser généreusement ceux qu'il a extorqué. Alors Jésus affirme qu'il est sauvé !

Sauf que ce n'est pas forcément ce que dit le texte... Malgré la traduction de certaines versions françaises, au verset 8, Zachée ne parle pas au futur. Il ne dit pas : « Désormais je vais donner la moitié de mes richesses aux pauvres et je vais rembourser au quadruple celui à qui j'ai pris trop d'argent. ». Il dit : « Ecoute, Seigneur ! Je donne la moitié de mes richesses aux pauvres et si j'ai pris trop d'argent à quelqu'un, je lui rend quatre fois plus ! ». Il ne dit pas ce qu'il va désormais faire mais ce qu'il fait déjà.

En fait, c'est comme s'il disait à Jésus : « Tu sais, je ne suis pas comme ce que les gens disent de moi. Je ne mérite pas ma réputation... » Car d'où vient la réputation de Zachée ? De ce que disent les foules de lui : « Voilà que Jésus s'arrête chez un pécheur ! » Tout est dit : Zachée est un collecteur de taxes, donc c'est un pécheur !

Il faut dire que les collecteurs d'impôts n'avaient pas bonne réputation. Ils étaient la figure même du collaborateur à la solde de l'occupant romain : ils collectaient les taxes pour l'envahisseur. Et ils avaient souvent tendance à s'en mettre un peu dans les poches au passage... Qu'est-ce qu'on disait alors des collecteurs de taxes ? Ils sont tous pourris !

Jésus, lui, a une toute autre attitude puisqu'il dit à Zachée qu'il veut manger chez lui. Qu'est-ce qui l'a décidé à le faire ? Peut-être le fait de le voir, ainsi, monter sur un arbre à son passage. Une attitude qui n'est pas très digne d'un homme de son statut social... et qui traduit surtout son ardent désir de rencontrer Jésus. Peut-être Jésus a-t-il vu que Zachée n'était pas un collecteur de taxes comme les autres.

Car, il faut le dire, Jésus ne se laissait pas enfermer dans les a priori sur les gens. Ce n'est pas la première fois qu'il approchait un collecteur de taxes. Il a même appelé l'un d'eux à devenir son disciple et il l'a ensuite choisi pour faire partie des 12 apôtres. Il s'agit de Matthieu (appelé Lévi). Jésus mangeait aussi avec les collecteurs de taxes, comme avec tous ceux qu'on rejetait ou qu'on considérait comme pécheur. Les évangiles nous disent même que plusieurs suivaient Jésus.

Jean le baptiste, lui aussi, a vu des collecteurs de taxes venir à lui. Et lui non plus ne les a pas chassés. Il leur disait seulement d'être intègre dans leur tâche :

« Des collecteurs des taxes aussi vinrent pour recevoir le baptême ; ils lui demandèrent : Maître, que devons-nous faire ? Il leur dit : N'exigez rien au-delà de ce qui vous a été ordonné. » (Luc 3.12-13)

Et si Zachée avait reçu le baptême de Jean ? On n'en sait rien, évidemment, mais pourquoi pas ? Ca expliquerait son attitude intègre, peut-être même suite à son baptême. Ca expliquerait aussi son désir de rencontrer Jésus : Jean-Baptiste n'avait-il pas annoncé que le Messie allait venir à sa suite ?

Ce sont, bien-sûr, des conjectures. Mais ce qui est sûr, c'est que le texte de l'évangile laisse bien entendre que Zachée avait déjà une attitude intègre avant de rencontrer Jésus. Tous les collecteurs de taxes n'étaient donc pas des pourris ! Mais les foules n'étaient pas capables de le voir, semble-t-il...

Jésus, lui, non seulement décide d'aller manger chez Zachée mais il ne lui fait aucun reproche, il ne lui demande même pas de changer d'attitude. Il accueille au contraire ce que Zachée dit de son intégrité avec joie : « Aujourd'hui le salut est venu dans cette maison ! »  De plus, il le réhabilite aux yeux de tous : « Zachée aussi est de la famille d'Abraham ! »

La conclusion du récit : « le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » s'adresse donc peut-être moins à Zachée qu'à ceux qui le jugeaient... « Ne jugez pas afin de ne pas être jugés ! »


Les leçons de cet épisode

Je vous propose de tirer des leçons de ce récit non pas en se demandant s'il faut ou pas agir comme Zachée mais en considérant l'attitude de ceux qui entourent Zachée. Et dans ce cas, je crois qu'on peut dire que nous devons prendre exemple sur Jésus et considérer la foule comme un contre-exemple à ne pas suivre :
La foule juge et enferme Zachée dans ses a priori : c'est un collecteur de taxe donc c'est un pécheur !
Jésus accueille Zachée tel qu'il est et sait le reconnaître à sa juste valeur : c'est un fils d'Abraham !

Toute l'histoire de Zachée est résumée par ces deux affirmations : c'est un pécheur ou c'est un fils d'Abraham.

Pour la foule, Zachée est un pécheur !

Pour la foule, dire de Zachée « c'est un pécheur », c'est l'enfermer dans une catégorie. Les pécheurs, ce sont les gens à ne pas fréquenter. Ce sont les infidèles, les impurs, les gens de mauvaise vie. Pour la foule, Zachée est de ceux-là. Il est déjà jugé ! Victime des a priori.

Nous avons tous des a priori sur les gens. Mais il faut prendre conscience qu'ils sont autant de prisons qui enferment les autres... et nous-mêmes.

Ne souffrons-nous pas lorsque nous sommes victime d'a priori ? Je suis sûr qu'en tant que chrétien, peut-être plus encore en tant que protestant évangélique, vous avez déjà été confronté à des a priori des gens à votre égard. Convaincus que les chrétiens c'est comme ça, ils pensent ceci et ne font pas cela. Et ce n'est pas agréable...

Mais nous avons aussi nos a priori sur les autres. Regardez autour de vous. Que pensez-vous des gens que vous voyez ? Que savez-vous vraiment d'eux ? Quelle est la part d'a priori dans votre jugement sur eux ? Avez-vous déjà collé une étiquette sur leur front ?

Pour sortir de nos a priori, il y a deux règles d'or :
- Il faut se méfier des apparences.
- Il faut rejeter les étiquettes.

Les apparences sont trompeuses. La première impression que vous avez de quelqu'un est très rarement conforme à la réalité. Et pourtant, on en reste si souvent à cette première impression... Passez du temps avec quelqu'un, apprenez à le connaître vraiment et vous découvrirez quelqu'un d'autre. En bien ou en mal d'ailleurs...

Il faut rejeter les étiquettes. C'est pourtant tellement facile. On classe les gens en catégories et on les y enferme. Les politiciens. Les artistes. Les patrons. Les pasteurs (!) Ou alors les non-chrétiens. Les « gens du monde ». Ou même les catholiques. Les pentecôtistes... Et derrière ces étiquettes, on met en gros tout le monde dans le même panier.

Mais enfermer l'autre dans ses a priori, c'est refuser de le rencontrer tel qu'il est ! Et c'est, d'une certaine manière, le juger...

Pour Jésus, Zachée est un fils d'Abraham !

Pour Jésus, dire « c'est un fils d'Abraham », c'est reconnaître en Zachée un frère, un homme de foi. Et le dire publiquement, c'est inviter les autres à faire de même et changer de regard sur lui.

Jésus, lui, savait reconnaître la vraie valeur des gens et ne pas se laisser piéger par les apparences ou la réputation. Alors bien-sûr, on n'arrivera jamais à être comme Jésus. Il n'empêche, Jésus n'allait pas tout seul voir Zachée et les gens de mauvaise réputation qu'il n'hésitait pas à rencontrer. Il emmenait ses disciples avec lui ! N'est-ce pas aussi pour leur montrer l'exemple et les inviter à faire de même ?


N'y a-t-il pas pour nous un défi à accueillir comme Jésus accueille, à regarder comme Jésus regarde ? N'est-ce pas ainsi que nous pourrons glorifier Dieu dans nos relations ?

« Accueillez-vous les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis, pour la gloire de Dieu. » (Romains 15.7)

Sommes-nous prêts à changer notre regard ?
Sommes-nous prêts à aller au-delà des apparences et des réputations ? A aller vraiment à la rencontre des autres, à nous laisser surprendre par eux ?
Sommes-nous prêts à croire que les gens peuvent changer ou les enfermons-nous à tout jamais dans des a priori, incapable de retirer l'étiquette que nous avons collé sur leur front ?


Conclusion

L'histoire de Zachée est donc peut-être moins l'histoire d'un pécheur qui se repent que d'un homme victime de sa réputation. Nous sommes comme la foule, victimes de nos a priori. Et l'accueil du Christ nous invite à changer notre regard. Non seulement sur Zachée, mais aussi sur notre prochain !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Laissez un commentaire !